Pour l’unification des travailleurs américains, canadiens et mexicains contre tous les reculs et suppressions d'emplois!

Un appel à l'action aux Travailleurs canadiens de l'automobile des Trois Grands de Detroit: il faut s’opposer à la stratégie nationaliste pro-entreprise d'Unifor!

Avec l'expiration des conventions collectives des trois usines canadiennes de Detroit, la tâche urgente des 17.000 travailleurs de Ford, General Motors et Fiat-Chrysler est de s'organiser indépendamment de l'appareil syndical propatronal d'Unifor. Les travailleurs doivent prendre en main la lutte pour les contrats en créant dans chaque usine des comités de la base qui s'engageront à s'opposer à toutes les réductions d'emplois et concessions, à renverser le système détesté de salaires à deux vitesses, et à unifier les travailleurs de l'automobile au Canada avec leurs frères et soeurs de classe aux États-Unis et au Mexique.

Les travailleurs de l'automobile doivent être armés de leur propre stratégie internationale pour s'opposer à la stratégie mondiale des constructeurs automobiles transnationaux. Dans les négociations contractuelles en cours, les Trois de Detroit sont déterminés à réduire leurs coûts de main-d'œuvre en imposant de nouvelles concessions et en accélérant la cadence de travail, de manière à gonfler les profits des investisseurs et à financer la «transformation» de l'industrie vers la production de véhicules électriques et autonomes. Avec leurs concurrents, ils ont déjà mis des centaines de milliers d'emplois dans l'industrie automobile sur le billot en Amérique du Nord, en Europe et en Asie.

Unifor n'a pas organisé de grève contre l'un des trois constructeurs automobiles de Detroit depuis 1996. En 2017, le syndicat a été contraint de sanctionner un mois de grève contre CAMI, une filiale de GM, qu'il a isolée avant de faire passer un contrat au rabais.

Lorsque Ford Canada a appris que le président d'Unifor, Jerry Dias, l'avait choisie comme entreprise cible, elle a immédiatement réagi en déclarant que tout accord devrait garantir la «compétitivité mondiale» de Ford. En clair, les patrons de l'automobile ont l'intention d'utiliser la menace de licenciements massifs et de fermetures d'usines pour faire chanter les travailleurs de l'automobile afin qu'ils votent pour une autre série de concessions.

La réponse d'Unifor a été de doubler sa stratégie nationaliste et corporatiste, par laquelle le syndicat s'assure – aux dépens des travailleurs – que les opérations canadiennes des Trois de Detroit sont plus lucratives que celles des États-Unis, voire les plus rentables de tous les pays.

Dias a annoncé que l'un des principaux objectifs du syndicat est de négocier des contrats de trois ans avec les Trois de Detroit afin que le prochain cycle de négociations en 2023 soit synchronisé avec celui de leurs opérations américaines. Comme Dias l'a lui-même clairement indiqué en se plaignant que l'UAW, basée aux États-Unis, assure la totalité des «attributions de produits et de programmes», l'objectif d'Unifor n'est pas d'unir les travailleurs canadiens et américains contre leur ennemi commun. Il s'agit plutôt de mieux se positionner pour concurrencer l'UAW en matière d'investissements. Autrement dit, il s'agit de dresser les travailleurs canadiens et américains les uns contre les autres.

Cela a été bien compris par le groupe de réflexion du Center for Automotive Research, dont la vice-présidente, Kristin Dziczek, a déclaré: «En y allant simultanément, nous allons créer plus d'opportunités pour la surenchère».

Unifor et UAW: complices des Trois de Detroit dans la surenchère des reculs

Le nationalisme véhiculé par Unifor et son prédécesseur, les Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), au cours des 35 dernières années s'est avéré une arme indispensable pour les constructeurs automobiles en faisant baisser les salaires, en supprimant les protections sur le lieu de travail et en augmentant les profits au Canada, aux États-Unis et au Mexique. En dressant les travailleurs de l'automobile canadiens et américains les uns contre les autres, Unifor et les TCA ont facilité le nivellement par le bas des salaires, des avantages sociaux et des emplois d'un pays à l'autre de l'Amérique du Nord.

Ce faisant, elles sont devenues des partenaires de second rang des entreprises dont les intérêts sont hostiles aux travailleurs de l'industrie automobile. Cela est illustré de la façon la plus frappante par le sabotage systématique de l'opposition des travailleurs aux fermetures d'usines (y compris l'étouffement de toute action contre la fermeture de l'usine d'assemblage automobile GM d'Oshawa en 2019) et par l'imposition de réductions de salaires et d'avantages sociaux et de concessions sur les normes du travail.

Dias et ses collègues syndicalistes veulent maintenant donner un nouveau souffle à leurs divisions nationalistes. Unifor fait pression sur ses «partenaires» du gouvernement libéral de Trudeau pour qu'ils adoptent une stratégie automobile «made in Canada» basée sur des subventions massives à Ford, GM et Fiat-Chrysler afin de garantir des «produits» et des «investissements» dans leurs usines canadiennes.

Ce que Dias néglige de mentionner, c'est que toute aide gouvernementale sera liée à des plans de restructuration complets visant à stimuler la productivité et la rentabilité, comme cela s'est produit lors du «sauvetage» de l'industrie automobile soutenu par les TCA en 2008-2009.

La «stratégie» d'Unifor pour «défendre les emplois canadiens» – restitutions massives aux constructeurs automobiles, surenchère des reculs, chauvinisme anti-Mexique, appels à des fonds publics pour les patrons de l'automobile et fausses «garanties de production» que les entreprises violent à volonté – s'est avérée désastreuse. L'Ontario et le Québec sont parsemés d'usines fermées. Les travailleurs de l'automobile, en particulier les plus jeunes, ne gagnent en réalité qu'une fraction de ce qu'ils gagnaient il y a une génération.

Les travailleurs de l'automobile doivent rejeter la subordination systématique des intérêts fondamentaux des travailleurs – emploi, salaires et, pendant la pandémie COVID-19, même leur santé et leur vie – aux profits capitalistes.

L'alternative est de mobiliser les travailleurs de l'automobile au Canada, aux États-Unis et au Mexique dans une contre-offensive commune pour renverser toutes les concessions et défendre tous les emplois. Une telle contre-offensive ne peut être développée que par une rupture politique et organisationnelle avec Unifor et l’UAW.

Créer un réseau de comités de la base indépendants d'Unifor

Il y a une énorme colère des travailleurs de la base contre les patrons de l'automobile et leurs complices d'Unifor. Mais si les travailleurs veulent empêcher Unifor de mener une fois de plus leur lutte et de les obliger à voter sur un contrat de concession dont ils n'ont pas été autorisés à voir les détails, ils doivent agir maintenant. Ils doivent prendre les choses en main en créant un réseau de comités de la base dans toutes les usines des Trois Grands de Detroit et de l'industrie automobile.

Par le biais de ces comités démocratiquement organisés, les travailleurs peuvent formuler leurs propres revendications pour la lutte des conventions collectives. Celles-ci devraient inclure:

  • Une augmentation majeure des salaires pour tenir compte des décennies de réduction des salaires et des avantages sociaux;
  • L'abolition du système salarial à deux vitesses;
  • La réembauche de tous les travailleurs de l'automobile licenciés ces derniers mois par GM à Oshawa, Ford à Oakville et Fiat-Chrysler à Windsor;
  • Et le contrôle par les travailleurs de la cadence de travail et de la production pour garantir des conditions de travail sûres durant la pandémie.

Les comités de la base doivent se préparer à répondre au chantage des patrons de l'automobile par une grève générale et s'atteler immédiatement à forger des liens avec les travailleurs de l'automobile au Mexique et aux États-Unis, où les travailleurs travaillent sous des contrats illégitimes négociés par les bureaucrates de l'UAW, dont une enquête criminelle a montré qu'ils recevaient des pots-de-vin massifs de la part des entreprises.

Ils devraient également demander le soutien d'autres sections de la classe ouvrière, notamment les travailleurs de la santé, les travailleurs du secteur des services et les enseignants, qui sont confrontés à une attaque non moins brutale contre leurs conditions de travail et leur vie au milieu de la réouverture téméraire de l'économie par l'élite au pouvoir.

Les travailleurs de l'automobile aux États-Unis et au Mexique ont déjà fait d'importants premiers pas dans cette direction, qui doivent servir d'exemple et d'impulsion aux travailleurs du Canada.

Au cours des quatre derniers mois, les travailleurs de l'automobile des usines du Michigan, de l'Ohio, de l'Indiana et de l'Illinois ont formé des comités de sécurité de la base pour lutter pour des conditions de travail sûres contre la conspiration commune des patrons et de l'UAW corrompue pour imposer un retour à la production «normale» en pleine pandémie virulente.

Au Mexique, les travailleurs hautement exploités des usines de la ceinture des maquiladoras ont organisé une vague de grèves sauvages au début de l'année 2019. Puis, en mars de cette année, ils ont participé aux actions de grève initiées par la base pour dénoncer le manque de protection contre le COVID-19 qui a obligé les géants de l'automobile à interrompre temporairement la production dans toute l'Amérique du Nord. Les travailleurs du complexe Silao de GM ont héroïquement défié les représailles de l'entreprise et des syndicats et se sont battus pour s'unir aux travailleurs des États-Unis et du Canada.

Les travailleurs de Trois Grands au Canada doivent maintenant se battre pour que la lutte pour les conventions collectives 2020 soit le fer de lance d'une contre-offensive internationale coordonnée contre les constructeurs automobiles mondialement organisés et leurs efforts systématiques, soutenus par les TUA et Unifor, pour dresser les travailleurs les uns contre les autres dans une course sans fin vers le bas.

Cette stratégie internationale doit être basée sur un programme socialiste qui a pour point de départ les besoins des travailleurs, et non ce que les entreprises prétendent pouvoir se permettre ou les profits des investisseurs.

Le Bulletin d'information des travailleurs de l'automobile du World Socialist Web Site apportera aux travailleurs de Ford, GM et Fiat-Chrysler tout son soutien dans cette lutte. Nous appelons tous les travailleurs de l'automobile qui sont d'accord avec cette déclaration à nous contacter dès aujourd'hui pour obtenir de l'aide afin d'établir un comité de la base dans votre usine.

(Article paru en anglais le 18 septembre 2020)

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