Alors que la première ministre Elisabeth Borne annonçait l’utilisation du 49-3 pour faire passer la réforme des retraites sans vote à l’Assemblée, le gouvernement a ordonné la réquisition d’éboueurs pour vider les poubelles qui s’entassent dans Paris. Depuis une semaine, les éboueurs font grève contre la réforme des retraites. Il faut mobiliser largement la classe ouvrière pour défendre les éboueurs et autres travailleurs menacés de réquisition.
L’État veut envoyer les forces de l’ordre briser la grève, attaquer les grévistes sur les piquets de grève et les forcer à reprendre le travail. Cette réquisition de travailleurs par l’État est un avertissement pour l’ensemble des travailleurs, que l’État mène une attaque frontale contre le droit de grève.
Déjà, l’État policier de Macron envoie les forces de l’ordre attaquer certains piquets de grève des éboueurs, notamment à Ivry, afin de casser leur grève.
Le gouvernement fait face à une opposition sociale énorme contre sa réforme des retraites illégitime. Des millions de personnes manifestent dans toute la France depuis plusieurs semaines lors des journées d’action organisés par les appareils syndicaux. Dans un sondage paru dans le JDD, 67 pour cent des Français sont pour le blocage du pays. 62 pour cent souhaitent que la mobilisation se poursuive malgré l’adoption de la réforme des retraites.
A l’automne dernier, le gouvernement avait aussi ordonné la réquisition des travailleurs des raffineries en grève pour des augmentations de salaires et contre l’inflation alors que la France faisait fasse à une pénurie de carburant qui fragilisait le gouvernement Borne. Cette action faisait suite au précédent de l'utilisation par le gouvernement Sarkozy de l'ordre de réquisition contre les travailleurs des raffineries en 2010 pour écraser des grèves qui ont finalement été isolées par les bureaucraties syndicales.
Depuis le 6 mars dernier, l’Etat, la mairie de Paris et la préfecture se renvoient la responsabilité concernant la réponse à apporter à la grève des éboueurs de la ville. Darmanin avait fait expressément la demande à la maire PS de Paris, Anne Hidalgo de réquisitionner des éboueurs en grève jusqu’à lundi prochain pour enlever les plus de 9.000 tonnes de déchets. Des sociétés privées qui opèrent dans d’autres municipalités ont été appelées pour limiter le risque d’insalubrité.
Mercredi 15 mars, le préfet de police Laurent Nunez avait demandé dans une lettre à Hidalgo de réquisitionner les éboueur, évoquant le risque sanitaire: «La concentration de détritus, notamment alimentaires, dans certaines rues de Paris, fait courir des risques à la population, en ce qu’elle entrave le cheminement sécurisé des piétons, en particulier celui des personnes à mobilité réduite, pose un problème d’hygiène publique et favorise la prolifération des rats, vecteurs de maladies transmissibles à l’homme ».
Mercredi soir Hidalgo a donné son assentiment à la réquisition mais sans la mettre en place elle-même. Elle a indiqué que c’était de la compétence de l’État de réquisitionner les travailleurs: «Il est paradoxal que l'Etat demande aux collectivités territoriales de régler un problème qu'il a lui-même créé alors que la réquisition est de droit une compétence de l'Etat».
Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, a finalement annoncé ce jeudi 16 mars la réquisition. La mairie a fourni ce jeudi la liste de 4 000 agents de la propreté, pour que la préfecture procède aux réquisitions.
Le refus d’exécuter les mesures prescrites par l’autorité requérante constitue un délit qui est puni de six mois d’emprisonnement et de 10 000 euros d’amende.
En plus des éboueurs de Paris qui faisaient grève, les trois incinérateurs qui brûlent les déchets de Paris étaient arrêté en raison de la grève du personnel. Ceux-ci sont aussi visés par la réquisition du personnel gréviste.
Huit cars de gendarmes sont intervenus pour débloquer l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine utilisant les gaz lacrymogène après avoir débloquer l’incinérateur de Vitry-sur-Seine qui brûle les déchets du 15ème arrondissement de Paris.
Les travailleurs ont été frappés et trois ont été interpellés.
La politique du gouvernement et finalement de l’aristocratie financière reposent sur les forces de l’ordre pour réprimer physiquement l’opposition des travailleurs à sa politique. La crise économique et financière, la guerre entre l’Otan et la Russie poussent les gouvernements en France et à travers l’Europe à réprimer systématiquement le droit de grève, y compris en France par une répression policière directe.
Les travailleurs ne peuvent pas faire confiance aux bureaucraties syndicales pour lutter contre la répression policière. Les dirigeants syndicaux ont négocié pendant des mois la réforme des retraites avec le gouvernement. Ils cherchent avant tout à trouver une porte de sortie négociée avec Macron, non pas à unifier la classe ouvrière et à la mobiliser contre la menace de la répression.
Les syndicats n’avaient pas cherché à mobiliser les travailleurs plus largement contre la réquisition des travailleurs des raffineries à l’automne dernier. Ainsi, à la raffinerie Total de La Mède, le délégué CGT Fabien Cros a dit ne pas comprendre ce qui signifiait la menace que Borne agite de réquisitionner les grévistes et débloquer les raffineries. Cros a dit: «Débloquer les raffineries? Mais on ne bloque pas, on est en grève. Après, s’ils veulent venir eux-mêmes tourner les vannes… Je ne saisis pas le contour légal de cette demande».
La crise du capitalisme français et mondiale et la lutte des travailleurs qui sont prêts à bloquer le pays souligne le caractère objectivement révolutionnaire de la situation en France et à l’internationale. La défense des droits démocratiques et sociaux contre la politique d’austérité est étroitement liée à la guerre et à la lutte des classes internationale. La perspective qui consiste à négocier avec Macron dans un cadre national comme l’expose les appareils syndicaux est une perspective en faillite.
La tâche des travailleurs et d’unifier leur lutte avec les travailleurs en Europe et dans le monde qui luttent contre l’aristocratie financière internationale pour faire chuter le gouvernement Macron et les autres gouvernements. Pour cela les travailleurs doivent créer leur propre organisation indépendant des syndicats et de leurs alliés et rejoindre l’alliance internationale des comités de base des travailleurs.