Après ce qui a été largement perçu comme un échec humiliant à recruter des pays en développement pour leur campagne de guerre contre la Russie au G20, les États-Unis se préparent à intensifier leur implication dans la guerre en Ukraine.
Lors du sommet du G20 qui s’est tenu ce week-end, les États-Unis et leurs alliés ont accepté de retirer du communiqué les termes condamnant l’invasion de l’Ukraine, tout en acceptant les promesses de tous les membres du G20, y compris la Chine et la Russie, d’œuvrer en faveur d’une «paix juste» dans le conflit.
«C’est une reculade», a déclaré Sarang Shidore, directeur du programme Global South de l’Institut Quincy, au Financial Times.
«Si nous écrivions le texte nous-mêmes, il serait très différent», a déclaré un haut fonctionnaire de l’UE au FT.
L’issue désastreuse de la réunion du G20 pour les États-Unis et leurs alliés fait suite à l’effondrement de l’offensive du printemps de l’Ukraine, dont les agences de renseignement américaines reconnaissent aujourd’hui qu’elle ne parviendra pas à remplir ses objectifs, soit atteindre la mer d’Azov et isoler la péninsule de Crimée.
Malgré la mort de dizaines de milliers de soldats ukrainiens, les forces ukrainiennes n’ont progressé que de quelques kilomètres.
Lundi, Reuters a rapporté que les États-Unis s’apprêtaient à approuver l’envoi de missiles ATACMS à longue portée, capables de frapper à des centaines de kilomètres derrière les lignes russes et d’exposer la capitale à des attaques.
Reuters a reporté que: «Le gouvernement Biden est sur le point d’approuver l’envoi à l’Ukraine de missiles à longue portée équipés de bombes à fragmentation, ce qui permettrait à Kiev de causer des dommages importants dans les territoires occupés par la Russie.»
Simultanément, l’alliance de l’OTAN se rapproche d’une intervention militaire directe dans le conflit. Le 10 septembre, le gouvernement britannique a annoncé que des avions de combat britanniques effectuaient des missions pour protéger les cargaisons de céréales ukrainiennes au-dessus de la mer Noire.
Le bureau du Premier ministre a publié un communiqué indiquant que «les avions de la RAF survolent la zone pour dissuader la Russie de mener des frappes illégales contre des navires civils transportant des céréales».
Après l’échec de l’accord sur les céréales en mer Noire, la Russie a annoncé qu’elle pourrait éventuellement prendre pour cible les navires civils transportant des céréales en mer Noire.
L’annonce du Royaume-Uni crée les conditions d’un affrontement direct entre l’OTAN et les forces russes, qu’il soit accidentel ou intentionnel, au-dessus de la mer Noire.
Par ailleurs, le Financial Times a rapporté dimanche que l’OTAN prévoit de lancer l’année prochaine le plus grand exercice militaire depuis la guerre froide, impliquant 40.000 soldats dans un exercice simulant une guerre avec la Russie.
Le jeu de guerre appelé Steadfast Defender «s’inscrit dans le cadre des efforts rapides déployés par l’OTAN pour passer d’une alliance de réaction aux crises à une alliance de combat», a noté le FT en rapportant l’exercice.
Selon le FT, l’exercice débutera au printemps et impliquera jusqu’à 700 missions de combat aérien et plus de 50 navires, dans des «manœuvres contre un ennemi basé sur une coalition dirigée par la Russie».
La Suède, qui est récemment devenue membre de l’OTAN, participera également aux jeux de guerre, ce qui portera le nombre total de pays impliqués à plus de 30. Les jeux de guerre se dérouleront en Allemagne, dans les pays baltes et en Pologne.
L’OTAN augmente actuellement le nombre de ses forces en état d’alerte, qui passe de 40.000 à plus de 300.000, dans le cadre de sa transformation en «alliance de combat». Lors du sommet de Vilnius en juillet, l’OTAN a approuvé la création de la «Force de réaction alliée», augmentant encore le nombre de forces «à haut niveau de préparation» à sa disposition.
Ces processus ont impliqué l’augmentation à grande échelle du nombre de troupes stationnées sur les flancs orientaux de la Russie, ainsi que la fréquence des exercices militaires en Europe de l’Est.
Lundi, le Wall Street Journal a rapporté que les États-Unis avaient commencé à organiser des exercices d’entraînement conjoints avec l’Arménie, ancien membre de l’Union soviétique.
Selon le Journal, les troupes américaines ont entamé dix jours d’exercices conjoints, auxquels participent environ 175 soldats arméniens et 85 soldats américains.
La «contre-offensive» ukrainienne s’est soldée par une énorme débâcle militaire, mais les États-Unis ont misé tout leur prestige sur leur objectif d’infliger une «défaite stratégique» à la Russie. La semaine dernière, le secrétaire d’État Antony Blinken s’est rendu à Kiev pour s’engager à poursuivre la guerre «aussi longtemps qu’il le faudra».
En mai, après la victoire russe à Bakhmut et la décision américaine d’envoyer des avions de combat F-16 en Ukraine, le World Socialist Web Site a posé la question suivante: «Comment les États-Unis vont-ils réagir à cette nouvelle débâcle? Jusqu’où Washington peut-il aller dans l’escalade? Peut-on douter qu’après l’envoi à l’Ukraine d’avions de combat perfectionnés, des demandes émergeront dans la presse pour que Biden envoie des armes nucléaires «défensives» à l’Ukraine, ou même pour que les troupes de l’OTAN, que ce soit dans le ciel ou au sol, soient directement impliquées dans les combats?»
Avec l’échec de la contre-offensive ukrainienne et les revers importants subis par les États-Unis au G20, cette question devient d’autant plus urgente.
(Article paru en anglais le 12 septembre 2023)