Alors que l’armée israélienne commet un génocide contre la population de Gaza, les États-Unis menacent de déclencher une guerre au Moyen-Orient contre l’Iran.
Au cours du week-end, les bombes ont continué à pleuvoir sur Gaza, tuant des centaines de personnes chaque jour. Une population de deux millions d’habitants est systématiquement supprimée par la faim et la soif, tandis qu’un million de personnes dans le nord de Gaza sont contraintes à une marche de la mort en prévision d’une invasion terrestre imminente.
Ce génocide bénéficie du soutien total du gouvernement Biden, qui a donné à Israël une carte blanche pour commettre des crimes de guerre. Sur le plan opérationnel, les actions d’Israël sont supervisées par les États-Unis. Le secrétaire d’État Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin se sont rendus en Israël la semaine dernière, et Blinken devrait y retourner cette semaine.
La guerre d’Israël contre Gaza s’est accompagnée d’une expansion massive de la présence militaire américaine dans la région, avec en tête le déploiement de deux groupes aéronavals. L’envoi d’une armada de plus d’une douzaine de navires de guerre au Moyen-Orient ne vise pas seulement à menacer le Hamas, qui n’a pas de marine. Les États-Unis se préparent à un conflit beaucoup plus large au Moyen-Orient, y compris à une guerre avec l’Iran.
Les États-Unis utilisent la crise actuelle pour mettre en œuvre des plans de longue date pour une guerre avec l’Iran, en tant que front moyen-oriental de la guerre des États-Unis avec la Russie et des plans de guerre contre la Chine. Samedi, Austin a annoncé que les États-Unis allaient doubler leurs ressources militaires déployées au Moyen-Orient, en envoyant dans la région un deuxième groupe aéronaval, dirigé par le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower.
Austin a précisé que ce groupe d’intervention «comprend le croiseur lance-missiles USS Philippine Sea, les destroyers lance-missiles USS Gravely et USS Mason, ainsi que le Carrier Air Wing 3, composé de neuf escadrons d’aéronefs». L’Eisenhower rejoindra le groupe aéronaval (CSG) USS Gerald R. Ford, qui a déjà été déployé dans la région. «Le CSG Ford comprend l’USS Normandy, l’USS Thomas Hudner, l’USS Ramage, l’USS Carney et l’USS Roosevelt», a précisé Austin. En début de semaine, l’armée de l’air américaine a annoncé le déploiement dans la région d’escadrons de chasseurs F-15, F-16 et A-10.
Chaque groupe d’attaque de porte-avions à propulsion nucléaire compte au total jusqu’à 8.000 marins, aviateurs et marines, ce qui signifie que plus de 15.000 soldats ont été déployés au Moyen-Orient en l’espace d’un peu plus d’une semaine, ainsi que des dizaines d’autres aéronefs et des milliers de membres de personnel de soutien.
Ces plans n’auraient pas pu être mis en œuvre du jour au lendemain. Il y a des indications que le gouvernement de Netanyahou et les agences de renseignement américaines avaient un certain degré de connaissance avancée d’une attaque du Hamas, bien qu’ils aient été surpris par l’ampleur de la rébellion. Quoi qu’il en soit, le régime israélien a planifié une guerre totale contre les Palestiniens, en partie pour détourner l’attention de l’escalade de sa crise sociale et politique interne.
Les États-Unis, pour leur part, profitent de la crise pour mettre en œuvre leurs propres plans d’escalade contre l’Iran.
Les responsables américains ont clairement indiqué que les porte-avions visent l’Iran. Vendredi, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré: «Il y a un risque d’escalade de ce conflit, d’ouverture d’un deuxième front dans le nord et, bien sûr, d’implication de l’Iran… C’est pourquoi le président a agi de manière si rapide et décisive en envoyant un porte-avions en Méditerranée orientale, en envoyant des avions dans le Golfe, parce qu’il veut envoyer un message très clair de dissuasion».
Dans un éditorial publié dimanche soir, le Wall Street Journal a écrit: «Les ayatollahs de Téhéran doivent comprendre que le risque ne se limite pas à leurs mandataires terroristes. Ils doivent savoir que leurs sites nucléaires et leurs champs pétrolifères font également partie des cibles». Faisant écho à ces propos, le sénateur Lindsay Graham a évoqué la perspective d’une déclaration de guerre contre l’Iran, dont il a dit avoir discuté avec la Maison-Blanche.
«Je présenterai une résolution au Sénat américain pour permettre une action militaire des États-Unis, en collaboration avec Israël, afin d’éliminer l’Iran du marché du pétrole», a-t-il déclaré. «L’Iran, si vous intensifiez cette guerre, vous serez les prochains».
Dans une interview accordée à l’émission «60 Minutes», Biden a semblé soutenir l’idée d’ouvrir un deuxième front dans la guerre et d’attaquer le parti politique libanais Hezbollah. «Il est nécessaire d’entrer dans le pays et d’éliminer les extrémistes, le Hezbollah au nord, mais le Hamas au sud», a déclaré Biden, ajoutant que «l’Iran soutient constamment le Hamas et le Hezbollah».
Dans ce contexte, c’est possible que les États-Unis mettent en scène une sorte de provocation pour justifier une guerre contre l’Iran. Le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby, a déclaré qu’il n’excluait pas de déployer des troupes américaines au combat dans la crise actuelle, supposément pour sauver les otages détenus par le Hamas. Le déploiement de troupes américaines sur le terrain n’aurait pas pour but de sauver des otages, dont la vie n’a aucune importance pour l’impérialisme américain, mais d’impliquer directement l’armée américaine dans l’intensification d’un conflit avec l’Iran.
Les États-Unis préparent une guerre contre l’Iran depuis des décennies. En janvier 2002, après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, le président de l’époque, George W. Bush, a déclaré que l’Iran faisait partie d’un «axe du mal» comprenant l’Irak, que les États-Unis ont envahi et occupé l’année suivante. À la Maison-Blanche, les responsables du gouvernement Bush aimaient à dire: «Les garçons vont à Bagdad, mais les vrais hommes vont à Téhéran».
Le conflit entre les États-Unis et l’Iran s’est massivement intensifié sous le gouvernement Trump. À la suite du retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien en 2018, l’Iran a abattu un drone américain au-dessus du détroit d’Ormuz en juin 2019. Ce mois-là, le président de l’époque, Donald Trump, a ordonné une série de frappes aériennes sur des cibles iraniennes, qu’il a annulées à la dernière minute, alors que les avions étaient déjà en vol.
En janvier 2020, les États-Unis ont assassiné Qasem Soleimani, le commandant de la Force Qods de l’Iran et une figure majeure de l’establishment militaire iranien.
Le développement d’une guerre à grande échelle au Moyen-Orient s’inscrit dans la continuité des politiques qui ont conduit à la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie en Ukraine. Les États-Unis ont déclenché le conflit dans le but de vaincre militairement la Russie et d’orchestrer une opération de changement de régime. La guerre contre la Russie est considérée comme préparatoire à un conflit militaire avec la Chine.
La carte blanche donnée à Israël pour commettre des massacres contre la population de Gaza et l’intensification des plans de guerre américains contre l’Iran doivent être considérées dans le contexte de l’éruption de ce qui est, en fait, les étapes initiales d’une troisième guerre mondiale.
Les plans de guerre de l’impérialisme américain sont perturbés par un mouvement croissant de la classe ouvrière, qui coïncide avec un mouvement mondial contre la guerre impérialiste. Au cours du week-end, des millions de personnes ont manifesté au Moyen-Orient, en Europe et aux États-Unis pour s’opposer au génocide israélien à Gaza.
L’escalade massive de la guerre sera payée par une escalade de l’attaque contre la classe ouvrière, qui a déjà déclenché une vague de grèves aux États-Unis et dans tous les principaux pays capitalistes.
L’éruption de l’opposition populaire au génocide israélien doit être liée au développement de la lutte des classes contre l’inégalité et l’exploitation. Cela nécessite la construction d’une direction socialiste dans la classe ouvrière, fusionnant la lutte contre la guerre avec l’opposition au système de profit capitaliste.
(Article paru en anglais le 17 octobre 2023)