Une enquête de l’ONU conclut que l’armée israélienne est «l’une des armées les plus criminelles au monde»

Une enquête officielle des Nations Unies sur les violations du droit international par Israël en Palestine a présenté ses conclusions mercredi, accusant les dirigeants israéliens de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, y compris l’«extermination» des Palestiniens dans le génocide à Gaza.

Des Palestiniens blessés lors du bombardement israélien de la bande de Gaza sont amenés à l’hôpital Al-Aqsa à Deir al Balah, dans la bande de Gaza, le jeudi 23 mai 2024. [AP Photo/Abdel Kareem Hana]

Navi Pillay, présidente de la commission d’enquête et ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et ancienne juge de la Haute Cour d’Afrique du Sud, a qualifié l’ampleur des crimes de guerre israéliens de «sans précédent».

Elle a déclaré que la commission a soumis 7.000 éléments de preuve à Karim Khan, le procureur principal de la Cour pénale internationale (CPI), qui a accusé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et le ministre de la Défense, Yoav Gallant, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Répondant aux affirmations de Benjamin Netanyahou selon lesquelles les forces de défense israéliennes sont «l’armée la plus morale du monde», Chris Sidoti, membre de la commission, a déclaré, en citant le rapport, que «la seule conclusion que l’on puisse tirer est que l’armée israélienne est l’une des armées les plus criminelles du monde».

Le rapport conclut qu’Israël est responsable de crimes contre l’humanité et que «des actes d’extermination, des meurtres, des persécutions sexistes qui visent les hommes et les garçons palestiniens, des transferts forcés, des tortures et des traitements inhumains et cruels ont été commis».

Le rapport a noté que le nombre massif de victimes civiles est dû au fait que, selon les termes de la commission, «le gouvernement israélien a donné [à l’armée israélienne] l’autorisation générale de viser largement et sans discrimination des lieux civils dans la bande de Gaza».

La commission a pris note des déclarations des autorités israéliennes visant à «prendre en otage la population de la bande de Gaza pour atteindre des objectifs politiques et militaires», des actions qui visent à infliger «une punition collective à l’ensemble de la population pour les actes de quelques-uns, ce qui constitue une violation flagrante du droit international humanitaire».

Notamment, la commission a attribué au gouvernement et à l’armée israéliens une part importante de la responsabilité du nombre de morts de l’attaque du 7 octobre, à la fois en raison du retrait toujours inexpliqué des forces israéliennes de la frontière de Gaza avant l’attaque, et du fait que les forces israéliennes ont délibérément visé les otages et les civils israéliens.

Le rapport poursuit:

La Commission a également vérifié des informations indiquant que, dans au moins deux autres cas [les forces de sécurité israéliennes (FSI)] ont probablement appliqué la directive Hannibal, ce qui a entraîné la mort de 14 civils israéliens. Une femme a été tuée par un tir d’hélicoptère des FSI alors qu’elle était enlevée par des militants de Nir Oz à Gaza. Dans un autre cas, la Commission a constaté que les tirs de chars israéliens ont tué une partie ou la totalité des 13 otages civils détenus dans une maison à Be’eri.

La commission a conclu:

Les autorités israéliennes n’ont pas protégé les civils dans le sud d’Israël sur presque tous les fronts. Elles n’ont notamment pas déployé rapidement des forces de sécurité suffisantes pour protéger les civils et les évacuer des lieux où ils se trouvaient le 7 octobre. En plusieurs endroits, les FSI ont appliqué la fameuse «directive Hannibal» et tué au moins 14 civils israéliens.

Dans ses remarques, Pillay a clairement indiqué que la «cause fondamentale» de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et des crimes de guerre commis ensuite par les FDI était l’occupation «illégale» de Gaza par Israël.

Elle a ajouté: «Avec cette occupation, sur la base de toutes les informations que nous avons recueillies, il nous semble assez évident qu’il y a une intention très claire de déplacer de force des personnes juste pour les forcer à partir.»

Elle a souligné une «attitude qui ne se préoccupe pas des vies, de la destruction et du déplacement. C’est ce que je dirais que ce conflit particulier, oui, a mis en évidence la question de l’occupation elle-même en tant que cause fondamentale».

Alors que le rapport allègue que le Hamas a mené des attaques criminelles contre des civils israéliens le 7 octobre, Pillay a fait la remarque révélatrice suivante:

Nelson Mandela avait été qualifié de terroriste, y compris par les États-Unis, jusqu’à ce qu’il soit libéré et que l’étiquette de terroriste soit rapidement levée. Il a ainsi pu participer à la parade des téléscripteurs dans les rues de New York, et tout le monde l’a adopté du jour au lendemain en tant que militant de la liberté. Ainsi, un militant de la liberté pour un peut être un terroriste pour un autre.

Interrogée sur le rôle de «tierces parties» telles que les États-Unis dans la facilitation des crimes de guerre à Gaza, Pillay a répondu que «sans l’aide de pays puissants, Israël n’aurait pas été en mesure de mener cette occupation perpétuelle aussi agressivement qu’il l’a fait».

La conclusion qui s’ensuit inéluctablement est que ce ne sont pas seulement Netanyahou et Gallant qui sont accusés de crimes de guerre et de génocide, mais aussi le Président américain, Joe Biden, et les principaux membres de son gouvernement qui, de manière systématique, financent, arment et défendent politiquement le massacre sanglant israélien à Gaza.

(Article paru en anglais le 20 juin 2024)

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