Le Nouveau Front populaire publie un programme électoral pro-guerre et pro-État policier


Le Nouveau Front populaire (NFP), formé par le parti « populiste » de Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise (LFI), a publié son programme pour les élections anticipées françaises du 30 juin au 7 juillet dans un numéro spécial du quotidien stalinien L'Humanité.

Les questions centrales des élections anticipées convoquées par Macron, après une poussée de l'extrême droite aux élections européennes du 9 juin, sont la guerre et la menace néofasciste. Le RN d'extrême droite est aux portes du pouvoir, les sondages montrant qu’il est proche d’obtenir une majorité à l'Assemblée. Après les élections anticipées le 4 juillet en Grande-Bretagne et le 7 juillet en France, l'OTAN tiendra un sommet le 9 juillet à Washington pour lancer une escalade militaire contre la Russie.

Sur ces questions décisives, le NFP n'offre pas d'alternative à l'État policier de Macron ou au RN. Il dit présenter «un programme de rupture avec la politique d'Emmanuel Macron» et dénonce «le projet raciste et de casse sociale de l’extrême droite». Mais le NFP rassemble LFI avec le PS, le PCF stalinien, les Verts et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) pabliste.

Le programme adopté par le NFP confirme que ces partis participent à la restructuration de droite de la politique française que la classe dirigeante vise à mettre en œuvre via les élections anticipées, afin de préparer la guerre impérialiste à l’intéireur et la guerre de classe à l'intérieur. Le programme appelle à envoyer des troupes en Ukraine et à renforcer la gendarmerie et le renseignement.

Le programme NFP ne reflète pas les intérêts ouvriers, mais de la base de classe des partis qui l'ont rejoint. Le NFP n'est pas le Front populaire des années 1930, qui comprenait le parti social-démocrate et un parti stalinien qui avaient tous deux une base ouvrière de masse. Sa base sociale est une alliance entre la bourgeoisie et les couches aisées de la classe moyenne qui véhiculent la politique raciale et d'identité de genre.

La bourgeoisie française a dépensé d'énormes ressources, depuis la trahison de la grève générale de mai 1968 par le PCF, pour promouvoir ces forces en tant que «gauche». Mais le PS, le PCF et les Verts ont formé plusieurs gouvernements – en 1981-1995, 1997-2002 et 2012-2017 – qui ont imposé la guerre et l’austérité. La formation du NFP est un avertissement : les descendants de la pseudo-gauche des renégats du trotskysme, comme LFI et le NPA, appuient l’État policier et la guerre avec la Russie, même ci cela menace de conduire à la guerre nucléaire.

L'impérialisme a rendez-vous avec la catastrophe. Il y a une opposition profondément enracinée parmi les travailleurs et les jeunes en France et dans tous les pays de l'OTAN à l'escalade contre la Russie, au génocide à Gaza et au régime néofasciste. Quel que soit le gouvernement qui émergera des élections anticipées françaises, même s'il inclut le NFP, il entrera en collision avec les travailleurs.

Mais la guerre, la montée du RN et sa promotion dans les médias sont un avertissement: l'opposition spontanée de manifestations ne vaincra pas le prochain gouvernement. La classe dirigeante travaille sans relâche pour s'assurer que la trahison du PS, de LFI et de ses alliés et l'amertume qu'elle produit dans la classe ouvrière profitent aux néo-fascistes. La classe ouvrière fait face à une classe dirigeante déterminée à faire la guerre contre le peuple et à utiliser un État policier fascisant pour réprimer l'opposition populaire.

Le Nouveau Front populaire fait l'éloge de la paix mais soutient la guerre avec la Russie

Le programme NFP proclame «l'urgence de la paix» mais soutient l'appel impopulaire de Macron à envoyer des troupes françaises en Ukraine. S'engageant à «faire échec à la guerre d’agression de Vladimir Poutine», il appelle à «défendre indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l’intégrité de ses frontières». Il exige «la livraisons d’armes nécessaires» et «l’envoi de casques bleus» en Ukraine.

C’est une tentative cynique d'endormir le peuple alors que l'OTAN prépare une escalade catastrophique de la guerre. Selon un sondage d'Eurasia Group, 94 pour cent des Américains et 88 pour cent des Européens de l'Ouest veulent négocier une fin à la guerre en Ukraine. Mais, en accord avec la classe dirigeante, le PFN tente de trouver un déguisement, tel que «l’envoi de casques bleus», pour les guerres de pillage de l'OTAN.

Si les troupes françaises envahissent l’Ukraine, ce ne sera pas pour le maintien de la paix. Elles entreront dans une guerre dévastatrice qui a déjà coûté la vie à plus d'un demi-million de personnes, alors que Macron et ses alliés de l'OTAN tentent d’intensifier le pillage impérialiste du monde qu'ils ont cherché à mener à bien tout au long de l'ère post-soviétique.

Le PS et le PCF ont une longue histoire militariste depuis que la dissolution stalinienne de l'URSS en 1991 a éliminé le principal obstacle politico-militaire aux guerres néocoloniales. Il y a eu la guerre du Golfe de 1991 contre l'Irak, l'invasion de l'Afghanistan par l'OTAN en 2001 et, dans les années 2010, les guerres en Libye, en Syrie et au Mali. Remarquablement, même si la France est engagée depuis plus d'une décennie dans des opérations militaires en Syrie et au Sahel, le programme du NFP ne les mentionne pas du tout.

L'invasion de l'Ukraine par Poutine était indubitablement réactionnaire et doit être combattue, mais la classe ouvrière ne peut pas déterminer comment réagir à la guerre OTAN-Russie juste en demandant qui a tiré en premier. Stoppze une catastrophe encore plus grande et arrêter la guerre nécessite, tout d'abord, de s'opposer à une nouvelle escalade militaire de l'OTAN.

L'affirmation du NFP selon laquelle la guerre vise à protéger la «liberté» en Ukraine est un mensonge. Le régime ukrainien pro-OTAN est une dictature. Son président, Volodymyr Zelensky, a suspendu les élections et son régime applaudit la mémoire du collaborationniste ukrainien Stepan Bandera. Il interdit les partis d'opposition et ses recruteurs militaires embrigadent de force les civils dans l'armée. L'OTAN ne se bat pas pour la liberté en Ukraine, mais a pris le contrôle de l'Ukraine pour mener une guerre impérialiste contre la Russie.

Les objectifs de l'OTAN dans la guerre contre la Russie ont été exposés sans ambages par le président polonais Andrzej Duda lors du récent sommet sur l'Ukraine en Suisse. Sous la bannière frauduleuse de la guerre contre le «colonialisme», Duda a déclaré qu'il n'y a «plus de place» pour la Russie dans le monde moderne et a appelé à la découper en 200 mini-États que dominerait l'impérialisme. Duda a déclaré:

On appelle souvent la Russie la prison des nations, et pour cause. Elle abrite plus de 200 ethnies, dont la plupart sont devenus des résidents de Russie grâce aux méthodes utilisées en Ukraine aujourd'hui. La Russie est à présent le plus grand empire colonial du monde, qui, à la différence des pays européens, n'a jamais subi le processus de décolonisation, et n'a jamais pu faire face aux démons de son passé. Il n'y a plus de place pour le colonialisme dans le monde moderne.

C’est une critique non pas de gauche mais de droite, du régime capitaliste russe réactionnaire établi par la dissolution de l'Union soviétique par le stalinisme.

L'OTAN, dont les documents appellent à imposer une «défaite stratégique» à la Russie, avance une stratégie désespérée de conquête du monde. Il vise à résoudre par la guerre l'érosion continue de la position économique mondiale des puissances impérialistes de l'OTAN. Il veut forcer un changement de régime à Moscou, diviser la Russie, piller son pétrole et ses ressources naturelles, la forcer à retirer son soutien militaire à la Syrie et à d'autres pays ciblés par l'OTAN, et l'utiliser comme base pour une guerre néocoloniale contre la Chine.

Le capitalisme français et européen n'a ni complété le processus de décolonisation ni traité «les démons de son passé». L'offensive mondiale néocoloniale menée par les puissances impérialistes européennes aux côtés de Washington est allée de pair avec l'enracinement du néofascisme et le soutien au génocide au cœur de la politique officielle. Les travailleurs et les jeunes doivent être alertés du danger d'escalade et rejeter la guerre de l'OTAN contre la Russie soutenue par le NFP.

Génocide à Gaza: Mélenchon jette ses critiques «à la rivière»

La position réactionnaire du NFP sur le génocide de Gaza reflète la volonté de Mélenchon de faire des concessions illimitées au PS et à l'impérialisme. Lorsqu'il a annoncé le NFP et proposé publiquement une alliance au PS, il s’est targué d’avoir «jeté nos rancunes à la rivière». Le résultat est que le NFP adopte une position profondément réactionnaire sur le génocide de Gaza, qui s'inscrit dans la lignée du soutien des gouvernements PS au régime sioniste.

Le programme du NFP ne reconnaît pas qu'un génocide est en cours à Gaza. De plus, il assimile cyniquement les actions du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de la population opprimée de Gaza. Il maintient la politique de tous les partis du NFP de rejeter les appels à mobiliser la classe ouvrière internationale en lutte pour arrêter l'envoi d'armes à Israël et arrêter le génocide.

Dénonçant «les massacres terroristes du Hamas, dont nous rejetons le projet théocratique» et approuvant «la Cour Pénale Internationale (CPI) dans ses poursuites contre les dirigeants du Hamas et le gouvernement de Netanyahu», il appelle à

«Rompre avec le soutien coupable du gouvernement français au gouvernement suprémaciste d’extrême droite de Netanyahu pour imposer un cessez-le-feu immédiat à Gaza et faire respecter l’ordonnance de la Cour Internationale de Justice (CIJ) qui évoque, sans ambiguïtés, un risque de génocide»

Mais il est faux d'affirmer qu'il y a un «danger» hypothétique de génocide à Gaza. Un génocide se déroule en temps réel à Gaza. Me régime israélien bombarde des civils sans défense, envoie des escadrons de la mort assassiner les blessés et les malades dans les quelques hôpitaux restants de Gaza et prive de nourriture, d'eau, d'électricité et de soins médicaux 2 millions de personnes.

La décision du NFP de minimiser la réalité du génocide est un avertissement: un gouvernement NFP, s'il était formé, tenterait de poursuivre ce qu'il avoue être le «soutien coupable» de Paris à Israël. Les travailleurs et les jeunes en France doivent être alertés sur la situation en Espagne, où les sociaux-démocrates ont le pouvoir en alliance avec les alliés espagnols de Mélenchon dans le parti Sumar. Madrid a publié des déclarations creuses condamnant le génocide et appelant à un État palestinien indépendant, tout en continuant à expédier des armes à Israël.

Arrêter le génocide et la guerre nécessite de mobiliser la classe ouvrière en France et à l'international contre l'impérialisme, indépendamment des partis et des bureaucraties syndicales qui soutiennent le NFP.

Défendre le niveau de vie des travailleurs nécessite de s'opposer à la guerre mondiale, au génocide et au capitalisme

Le programme NFP contiennent un large éventail de mesures sociales légitimes. Il propose d’«Assurer l’isolation complète des logements, en renforçant les aides pour tous les ménages» ou d’«instaurer le repas à 1 euro dans les Crous». Mais si le RN peut gagner des voix, c'est en grande partie parce que les travailleurs ont une longue expérience avec des gouvernements PS ont été élus et ont ensuite trahi leurs promesses électorales en un an, voire en quelques semaines.

Les principales mesures sociales du programme du NFP sont celles qui évoquent l'assaut historique contre les salaires et les droits sociaux qui est en cours. Il propose de «Bloquer les prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants», d’«Augmenter les salaires par le passage du SMIC à 1600€ net» et d’«Abroger immédiatement les décrets d’application de la réforme d’Emmanuel Macron passant l’âge de départ à la retraite à 64 ans».

La faillite de ce programme découle de son orientation nationale. Les prix de la nourriture et de l'énergie dans d’économie capitaliste sont fixés par les marchés mondiaux dominés par les grandes banques internationales qui ont récolté des fortunes massives grâce à la flambée des prix ces quatre dernières années. Les travailleurs ne peuvent pas défendre les niveaux de vie sans faire des incursions contre la propriété capitaliste, en s’unifiant à l'échelle internationale pour prendre le contrôle de ces ressources des mains de la classe capitaliste.

En particulier, pour arrêter la spirale descendante du niveau de vie, il faut mettre fin aux guerres que soutient le NFP. La décision de l'OTAN de limiter ses achats de pétrole et de gaz russes et de bloquer les exportations de céréales russes via les ports de la mer Baltique a joué un rôle central dans la vague mondiale d'inflation. La guerre a directement mené des attaques draconiennes contre les droits sociaux.

L'année dernière, Macron a provoqué grèves et manifestations en imposant une réforme des retraites massivement rejetées par les Français sans vote parlementaire. Les dizaines de milliards d'euros pris aux retraités ont servi à financer une augmentation record du budget militaire. Mais les appareils syndicaux qui ont appelé à manifester face à l'indignation de masse provoquée par Macron ont soudainement mis fin aux manifestations et n'ont pas critiqué l'augmentation du budget militaire.

LFI, actuellement la plus grande force de la NFP, exprime sans ambages son soutien au détournement continu de crédits vers la guerre. François Ruffin, le dirigeant LFI qui a lancé l'appel sur les réseaux sociaux pour le Nouveau Front populaire, a dit au Monde que sa politique vis-à-vis de la Russie est de renforcer la machine de guerre française:

«Que l’on commence, tout bêtement, par l’industrie de guerre. Que l’Europe retrouve sa souveraineté sur les munitions, les canons, les avions, sur toute la gamme des armes, matériels et savoir-faire, qu’elle ne dépende plus des Américains. Et s’en donne les moyens … Pour un effort de guerre, il faut veiller à l’unité de la nation.»

Les travailleurs et les jeunes ne peuvent pas défendre leurs droits sociaux par l'unité nationale avec des gouvernements bellicistes qui gouvernent contre le peuple. Les avertissements les plus forts doivent être faits sur les promesses sociales du NFP. Les travailleurs ne peuvent lutter pour ces revendications qu'en s'opposant à la guerre impérialiste, et notamment aux politiques militaristes de tout gouvernement que le NPF pourrait former.

Politique de race et de genre et approbation de l'État policier capitaliste

Un élément essentiel de la redéfinition officielle de la politique de «gauche» dans l'ère post-soviétique a été l’abandon des questions de classe pour se focaliser exclusivement sur les questions raciales ou de genre. Une grande part du programme NFP se consacre au financement des bureaucraties que l'État capitaliste soutient au nom de l'opposition aux préjugés raciaux ou de genre. Ce n'est pas une coïncidence si une partie considérable des membres du NFP est employée dans ces bureaucraties ou dans les bureaucraties syndicales.

Le programme NFP appelle l'État français à mettre en place un «Commissariat à l’égalité doté d’un Observatoire des discriminations» et de «sanctionner les auteurs de propos ou actes racistes, islamophobes et antisémites». Il propose aussi une «loi intégrale pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles en portant le budget à 2,6 milliards d’euros».

Il exige également plus de postes dans les institutions paritaires pour les bureaucrates syndicaux, appelant à «Faire des salariés de véritables acteurs de la vie économique, en leur réservant au moins un tiers des sièges dans les Conseils d’Administration», c'est-à-dire en réservant des avantages aux responsables syndicaux qui siègent dans les Conseils d’Administration.

Ces propositions mettent en lumière une réalité critique de la politique française et européenne : la bourgeoisie dépense des milliards pour acheter ce qu’elle appelle la «gauche». Le montant précis consacré à acheter divers bureaucrates est un secret d'État aussi soigneusement gardé que les trajectoires des missiles nucléaires français. Mais cela se chiffre en milliards. En 2012, le rapport Perruchot sur le financement des syndicats a fuité, révélant que 90 pour cent du budget d'environ 4 milliards d'euros des syndicats provenait de subventions étatiques ou patronales.

Le programme NPF présente ses demandes de financement de l'État comme une lutte pour la démocratie au sein des institutions capitalistes existantes. Il propose d’«Organiser des États généraux sur les libertés publiques» et «éfendre et renforcer les libertés syndicales et associatives». Il appelle même à «interdire les LBD et les grenades mutilantes, et démanteler les BRAV-M» tristement célèbres pour leur brutalité, y compris lors de manifestations syndicales.

En dernière analyse, cependant, la couche de la classe moyenne qui sert de base sociale au NFP ne s'oppose pas fondamentalement à l'État policier. Cela s'exprime dans l'appel remarquable du programme NFP à renforcer l’appareil policier. Il préconise «le maintien de l’ensemble des gendarmeries, l’augmentation des effectifs de police judiciaire, technique, scientifique, du renseignement».

Alors que la classe dirigeante se prépare à intensifier la guerre à l'étranger et la guerre de classe à l'intérieur, il faut avertir sur le caractère anti-marxiste du NFP. Les commissariats de police et les commissariats raciaux et de genre dotés par la pseudo-gauche sont en fin de compte financés par la même classe dirigeante. Ils répriment tous les deux, chacun à leur manière, l'opposition ouvrière à la guerre impérialiste et au capitalisme.

Les prétentions anti-fascistes du NFP peuvent facilement et rapidement exploser: un responsable qui critique les préjugés anti-musulmans en campagne aujourd'hui peut demain exiger une punition drastique de déclarations de solidarité avec Gaza, affirmant qu'elles sont « antisémites ».

Le Nouveau Front Populaire soutient le capitalisme

Le programme NPF appelle, bien sûr, à «Abolir les privilèges des milliardaires». Il évoque le rôle que joue l'inégalité dans la croissance du néofascisme, alors que des milliardaires comme Vincent Bolloré construisent des empires médiatiques pro-néofascistes. Il propose de «Limiter strictement la concentration dans les industries culturelles et les médias dans les mains de quelques propriétaires et exclure des aides publiques les médias condamnés pour incitation à la haine ou atteinte à la dignité des personnes».

Cependant, sa perspective n'est pas de mobiliser la classe ouvrière en lutte contre l'extrême droite, la guerre, ou d'abolir les niveaux grotesques d'inégalité sociale sous le capitalisme, où huit individus possèdent plus de richesses que la moitié de l'humanité. Il avance un programme pour un gouvernement capitaliste qu'il pourrait former sous Macron. Il s’agit de réformes fiscales: «Accroître la progressivité de l’impôt sur le revenu à 14 tranches», «Rétablir un impôt de solidarité sur la fortune (ISF)» et «Supprimer les niches fiscales inefficaces».

Mais les privilèges des milliardaires ne peuvent pas être abolis simplement en supprimant quelques-unes de leurs niches fiscales les plus connues. Le fait que des individus détiennent plus d'un milliard d'euros, tout comme la menace d'un régime néofasciste et d'une guerre mondiale, révèle que l'ensemble de l'ordre social est en faillite. L'inégalité grotesque créée par ces fortunes expose la nature réactionnaire de l'appropriation capitaliste des profits par des multinationales exploitant des masses de travailleurs.

La seule réponse progressiste est l'expropriation des capitalistes par les travailleurs dans une révolution socialiste, ce que le NFP rejette.

Le soutien du NFP à la classe capitaliste a été clairement exposé il y a douze ans par son candidat actuel en Corrèze, l'ex-président PS François Hollande. S'adressant à un public de banquiers français à Londres qui finançaient sa candidature à la présidence, Hollande leur a dit: « Aujourd'hui, il n'y a plus de communistes en France. La gauche a libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n'y a rien à craindre.»

Au pouvoir, Hollande a lancé une guerre au Mali, provoqué des manifestations de masse en expulsant des enfants roms de France et sauvagement réprimé les manifestations contre sa loi travail facilitant les licenciements massifs. Il a joué un rôle majeur dans la promotion du néofascisme et la montée de l'État policier. Après les attentats à Paris en 2015, il a invité la dirigeante du RN Marine Le Pen à l'Élysée et a imposé un état d'urgence de deux ans suspendant les droits démocratiques.

Hollande ne peut se présenter aujourd'hui qu'en raison du rôle de Mélenchon dans la formation du NFP pour promouvoir le PS. Hollande se moque en privé des nombreux Français qui ne peuvent pas se payers les coûts exorbitants des soins dentaires, les traitant de «sans-dents». Il était si largement haï qu'en 2017, il n'a pas osé se présenter pour un second mandat. Le ralliement de Mélenchon et du NPA pabliste à un défenseur aussi veule du capitalisme que Hollande produira que des désastres pour les travailleurs.

Contre le Nouveau Front Populaire, construisons le mouvement trotskyste !

La tâche centrale posée à la classe ouvrière est de savoir comment surmonter l'obstacle posé par le stalinisme et les divers descendants de renégats du trotskysme à une lutte contre la guerre impérialiste, le néo-fascisme et le capitalisme. Le programme du NPF marque une nouvelle étape dans l'adoption du capitalisme par les staliniens français et tous les descendants petit bourgeois de forces qui ont rompu avec le Comité international de la IVe Internationale (CIQI), la direction du mouvement trotskyste mondial, pour s'allier au stalinisme et à la social-démocratie.

Le NPA pabliste, dont les ancêtres politiques ont rejeté le trotskysme et fait scission avec le CIQI en 1953 pour rechercher des alliances avec le stalinisme et le nationalisme bourgeois, a mené sa politique anti-trotskyste à sa conclusion logique. Le nom du NPA le proclame «anticapitaliste», et les médias capitalistes le promeuvent frauduleusement comme un parti «trotskyste». Mais il a rejoint le NFP, une alliance dirigée par le PS bourgeois ayant vocation à bâtir un gouvernement capitaliste sous Macron, le «président des riches».

Mélenchon a commencé sa carrière dans l'Organisation communiste internationaliste (OCI) de Pierre Lambert, qui avait été de 1953 à 1971 la section française du CIQI. Mais il avait rejoint l'OCI peu de temps après sa scission avec le CIQI en 1971 pour soutenir « l'Union de la gauche » entre le PS nouvellement fondé et le PCF et son programme pour un « gouvernement populaire » capitaliste. Entré dans le PS en 1976, il est finalement devenu ministre dans le gouvernement de la «Gauche plurielle» dirigé par le PS de 1997 à 2002.

La crise électorale de 2002 a révélé la faillite de cette orientation. Des millions de travailleurs ont manifesté alors que l'élection présidentielle produisait un second tour entre le candidat de droite Jacques Chirac et le néo-fasciste Jean-Marie Le Pen, suite à l'effondrement du vote PS parmi les travailleurs dégoûtés par ses politiques d'austérité et de guerre. Le PS, le PCF et la LCR pabliste, prédécesseur du NPA, ont tous applmaudi Chirac comme un défenseur de la démocratie contre Le Pen. Ils ont cédé à l'extrême droite le rôle d'opposition à l'establishment politique.

Le CIQI a lancé un appel intitulé «Non à Chirac et Le Pen! Pour un boycott des élections présidentielles en France par la classe ouvrière». Ce document déclarait:

Le World Socialist Web Site lance un appel à toute organisation qui cherche à défendre la classe ouvrière à faire campagne activement pour le boycott des urnes aux élections présidentielles du 5 mai. Pas de soutien politique ni pour Le Pen ni pour Chirac! Mobilisez les travailleurs et les jeunes français contre ce faux « choix » antidémocratique. …
Pourquoi un boycott? Parce qu'il faut répudier toute légitimité à cette élection frauduleuse; parce qu'il faut établir une politique indépendante pour la classe ouvrière ; parce qu'un boycott actif et offensif créerait les meilleures conditions pour les luttes qui suivront les élections. …
Il servirait à éduquer les masses politiquement, et surtout les jeunes qui ont été galvanisés par le choc du succès de Le Pen au premier tour.
Il faut que ces nouvelles forces apprennent des enseignements politiques importants. Il leur faut apprendre à ne pas se laisser duper par les mensonges de l'establishment politique bourgeois - la droite gouvernementale et la gauche gouvernementale, ainsi que les médias - qui affirment que voter pour Chirac représente la défense de la démocratie, le salut de l'« honneur » de la France, la création d'« un front antifasciste », et ainsi de suite.

Mélenchon a rejeté une telle lutte pour mobiliser la classe ouvrière contre le néofascisme et la guerre, bien qu'il ait finalement quitté le PS en 2009. Il a avancé un rejet du socialisme fondé sur le populisme « post-marxiste » de l'universitaire Chantal Mouffe. Dans son livre The Era of the People, Mélenchon a écrit que «le peuple prend la place que la ‘classe ouvrière révolutionnaire’ occupait autrefois dans la politique de la gauche». Appelant à «dépasser le socialisme», il prône la «révolution populaire», qui «n'est pas la vieille révolution socialiste».

Ayant reçu le feu vert pour apparaître dans les grands médias capitalistes, il a remporté près de 8 millions de voix aux présidentielles de 2022. Mais il a refusé d'appeler à mobiliser ses électeurs, surtout dans les quartiers popualres des grandes villes, à lutter contre la réforme illégitime des retraites par Macron, le génocide de Gaza ou quoi que ce soit d'autre. Proclamant en 2022 sa volonté de servir en tant que Premier ministre sous Macron ou sous un président néofasciste, c’est un opposant conscient au socialisme.

Le Parti de l'égalité socialiste (PES), la section française du CIQI fondée en 2016, rejette la politique antimarxiste et les fondements théoriques du NFP. Il se bat pour alerter les travailleurs sur les dangers vastes et croissants de guerre et de fascisme auxquels est confrontée la classe ouvrière française et internationale. Cependant, il se base sur un optimisme révolutionnaire historiquement ancré dans le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière.

L'offensive de guerre des puissances impérialistes rencontrera une opposition profonde et croissante dans la classe ouvrière internationale, classe qui se dénombre à présent en milliards de personnes. Les manifestations des « gilets jaunes » de 2018-2019, organisées sur les réseaux sociaux, ont mis en évidence le potentiel des travailleurs à lutter indépendamment des appareils nationaux. Des organisations indépendantes de la classe ouvrière peuvent et doivent émerger pour construire un mouvement international contre la guerre impérialiste et la dictature.

Une telle lutte, avant tout, a besoin d'une perspective historique et d'un leadership politique marxiste. Le PES fonde sa lutte pour le socialisme sur la défense ininterrompue par le CIQI de la continuité du trotskysme et de la révolution d'Octobre contre le pablisme, la pseudo-gauche et le NFP. C'est l'opposition trotskyste qui doit être construite au Nouveau Front populaire, à la menace de dictature d'extrême droite et de guerre impérialiste.

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