Perspective

Trump conclue la Convention nationale républicaine avec une diatribe fasciste

Le candidat républicain à la présidence et ancien président, Donald Trump, s'exprime lors de la dernière journée de la Convention nationale républicaine, jeudi 18 juillet 2024, à Milwaukee. [AP Photo/Nam Y. Huh]

La Convention nationale républicaine s’est achevée jeudi soir par un discours du candidat du parti, l’ex-président Donald Trump, qui a constitué une démonstration inégalée de déchéance politique. Il a marqué l’achèvement de la transformation du Parti républicain en une formation politique fasciste.

Avant le discours, certains dirigeants du Parti républicain avaient laissé entendre que, suivant la tentative d’assassinat de samedi, Trump changerait de ton et adopterait un message plus rassembleur. Au début de son discours, l’ex-président a passé 15 minutes à ressasser les événements du 13 juillet de manière décousue et feutrée, au cours desquelles il a affirmé qu’il était resté calme tout au long de l’attentat parce qu’il se savait protégé par Dieu.

Trump a évoqué à plusieurs reprises la nécessité de l’«unité», mais ce qu’il voulait dire, c’est que tout le monde devait s’unir derrière le programme fasciste qu’il a exposé. Il a proféré mensonge sur mensonge, dénonçant la prétendue «invasion» à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, accusant les immigrés d’être responsables de la criminalité, de la pauvreté et de tous les autres maux de la société américaine, et célébrant les déportations, les détentions et autres cruautés de son premier mandat, notamment la séparation des parents et des enfants.

La foule de 18.000 personnes, dont presque tous les élus républicains de premier plan, a fait ovation sur ovation, notamment à chaque référence à Dieu, que Trump injectait fréquemment dans ses saletés verbales.

Quant à l’approche plus «positive» promise, Trump s’est contenté d’affirmer qu’une fois rentré à la Maison-Blanche, il mettrait fin à toutes les guerres et autres conflits, scellerait la frontière américano-mexicaine en terminant le mur frontalier, et créerait la plus grande économie de l’histoire du monde. Il n’a pas dit un mot sur la manière dont ce miracle allait être accompli, dans une présentation de plus en plus dérangée qui s’est éternisée pendant 90 minutes.

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Le président du comité de rédaction international du WSWS, David North, a fait remarquer sur X:

Le monologue dérangé de Trump rappelle la description de Trotsky de la démagogie d’Hitler: «Un sentimentalisme informe, l’absence de pensée disciplinée, l’ignorance [...] Ils lui ont fourni la possibilité d’unir tous les types d’insatisfaction dans le bol de mendiant du national-socialisme.

Les grands médias ont consciencieusement présenté cet étalage de saletés et de réactions comme un événement politique légitime et même profond. Le commentateur de CNN Van Jones, un démocrate, s’est enthousiasmé: «La dernière fois que j’ai assisté à une convention qui ressemblait à cela, c’était Obama en 2008. Il se passe quelque chose.» Une comparaison plus appropriée aurait été le rassemblement d’Hitler à Nuremberg.

En effet, ce que Trotsky a écrit sur la culture du fascisme allemand s’applique à sa version américaine contemporaine: «Tout ce qui aurait dû être éliminé de l’organisme national sous forme d’excréments culturels au cours de l’évolution normale de la société a maintenant jailli de la gorge; la société capitaliste vomit la barbarie non digérée. Telle est la physiologie du national-socialisme.»

Il y a eu un effort délibéré pour déguiser le contenu réel du programme du Parti républicain, par ce qui a longtemps été le défenseur le plus ouvert de Wall Street et du monde des affaires américain, en un parti nouvellement remodelé des travailleurs ordinaires. Une série d’intervenants ont souligné leurs origines modestes, avec en point d’orgue le discours d’acceptation, mercredi, du sénateur J. D. Vance, choisi par Trump comme colistier à la vice-présidence.

En réalité, comme tous les délégués à la convention le savaient, le programme qu’ils ont approuvé prévoit des réductions d’impôts pour les super-riches, subventionne le viol de l’environnement par les monopoles des combustibles fossiles et aggrave l’exploitation des pauvres et des travailleurs par l’oligarchie capitaliste.

Contrairement aux affirmations de Trump, le capitalisme américain n’entrera pas dans le jardin D’Éden s’il revient à la Maison-Blanche. Les États-Unis plongent dans la plus grande crise politique qu’ils aient connue au moins depuis 1968, une autre année d’élection présidentielle ponctuée d’assassinats, de guerres et de l’effondrement d’un gouvernement.

La convention républicaine s’est ouverte deux jours seulement après que Trump a échappé de peu à la mort, lors du premier attentat de ce type contre un président ou un candidat à la présidence en quarante ans.

Alors que les délégués à la convention républicaine et les élus ont exprimé leur euphorie face aux sondages qui montrent Trump avec une avance générale, bien que faible, dans tous les États les plus disputés, l’effondrement de la campagne de Biden a un revers. De nombreux intervenants de la convention semblaient ne pas savoir contre quel candidat ils allaient se présenter. Et le fait de jubiler sur l’âge et l’incompétence de Biden, 81 ans, laisse Trump, 78 ans, vulnérable si les démocrates remplacent Biden par un candidat plus jeune.

Dans le même temps, la campagne de réélection du président démocrate Joe Biden est en phase terminale d’effondrement, suite à la débâcle de sa prestation au débat du mois dernier.

Joe Biden a obstinément refusé de se retirer, mais de nombreux reportages indiquent que l’ensemble de la direction du Parti démocrate a décidé de s’opposer à lui. Le président lui-même observe les événements en quarantaine, ayant contracté le COVID pour la troisième fois.

À trois mois et demi de l'élection présidentielle, l’ensemble du système politique américain est plongé dans une crise profonde et des divisions internes au sein de l’appareil d’État.

Au sein de la classe dirigeante, les divisions se concentrent sur les questions de politique étrangère, bien que les deux partis soient engagés dans une escalade de la guerre à l’étranger. Il existe également de profondes inquiétudes dans certaines sections de l’élite dirigeante qui craignent que la réélection de Trump ne déclenche une explosion sociale incontrôlée.

À la base de toutes ces préoccupations, il y a la crainte des deux partis capitalistes de voir s’intensifier le conflit de classe aux États-Unis et ses implications révolutionnaires.

La question décisive pour la classe ouvrière est d’intervenir dans la crise politique avec son propre programme et sa propre perspective. Le spectacle dégradant de la réaction politique à la Convention nationale républicaine exprime la plongée de la classe dirigeante et du système capitaliste dans son ensemble vers la barbarie.

(Article paru en anglais le 19 juillet 2024)

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