Le nouveau premier ministre Michel Barnier nommé par Macron pour former un gouvernement bien plus à droite que n’importe quel autre gouvernement précédent, déchaînant une répression policière contre les musulmans et les migrants et plus largement une guerre de classe contre la classe ouvrière et la poursuite de l’escalade militaire de l’Otan contre la Russie.
La promotion de Barnier comme premier ministre foule aux pieds le résultat des élections législatives qui a vu des masses de jeunes et de travailleurs voter pour les candidats du NFP ou du parti présidentiel pour barrer la route de l’extrême droite. La classe dirigeante considère que l’agenda réactionnaire du gouvernement précédent ne peut être mené sans un soutien des néofascistes pour le prochain gouvernement. Ce sera le premier gouvernement national en France depuis le régime de Vichy à disposer d’un tel soutien.
Le gouvernement devrait être composé de ministres issus du camp présidentiel ainsi que des LR. Laurent Wauquiez, qui préside le groupe des Républicains à l’Assemblée nationale et nourrit des ambitions pour 2027, figure parmi les prétendants au ministère de l’Intérieur. Bruno Retailleau patron des sénateurs LR est cité pour Bercy où la Justice. Michel Barnier qui plaidait pour un moratoire sur l’immigration en 2021 à lancé la réflexion sur le retour d’un ministère de l’immigration, créé en 2007 sous Sarkozy avant qu’il ne le supprime en 2010.
La Commission européenne avant les élections législatives cet été a menacé la France d’une procédure pour déficit public excessif. Les dernières prévisions annoncent un creusement du déficit public à 6,2 pourcent du PIB l'an prochain contre 4.1 pour cent. Le déficit public pour 2023 s’établit à 154,0 Md€, soit 5,5 pour cent du PIB, après 4,8 pour cent en 2022 et 6,6 pour cent en 2021. La dette des administrations publiques atteint au premier trimestre 2024 à 110,7 pour cent du PIB, en 2023 109,9 pour cent; elle était de 97,9 pour cent du PIB en 2019.
Bruno Le Maire ministre démissionnaire de l’Economie avait reconnu «un accident. Je le reconnais bien volontiers. En 2023, tout le monde nous est tombé dessus.» Il a justifié le dérapage des finances par la pandémie, puis l’inflation dans le sillage de la guerre en Ukraine à partir de 2022: « Nous avons beaucoup protégé l'économie française pendant la crise du Covid et pendant l'inflation, et beaucoup protégé les ménages français. Le résultat, c'est que nous sommes le premier pays de la zone euro à avoir retrouvé son niveau d'activité d'avant crise».
En plus des attaques contre les immigrés et la minorité musulmane, Michel Barnier doit présenter pour le 1er octobre un projet de loi de finances 2025 intégrant des attaques sans précédent sur les travailleurs. Barnier qui déclarait être pour un report de l’âge de départ à 65 ans prévoit de revenir sur la réforme des retraites de 2023. Reporté d'abord à fin juillet, les droits des demandeurs d'emploi pourrait être une nouvelle fois attaqués par le nouveau gouvernement. Afin de réduire les déficits, Barnier pourrait aussi mener des coupes budgétaires visant la sécurité sociale.
Macron et ses homologues européens ont utilisé la pandémie de Covid pour accélérer la restructuration de l’économie européenne en injectant des milliers de milliards de deniers publics sur les marchés financiers. Ces sommes n’ont pas servi à sauver des vies en mettant les travailleurs à l’abri mais à leur imposer une politique mortifère qui a profité spéculation boursière et à l’enrichissement de l’aristocratie financière via l’endettement des états.
Le déversement de liquidités sur les marchés financiers a profité aux plus riches selon Nicolas Chéron, consultant pour les sociétés spécialisées dans les produits financiers. FranceInfo rapporte, «'C'est le plus gros casse du siècle !' s'exclame (Chéron), au regard du fait que 84 pour cent des actions sont détenues par les 10 pour cent des personnes les plus riches aux Etats-Unis».
En France, l’ONG Oxfam indiqué en 2023 que les 1 pour cent les plus riches ont capté 63 pour cent des richesses produites. La fortune de Bernard Arnault est passée de 60 milliards en mars 2020 à 172,9 milliards en 2024. Les 500 personnes les plus riches en France, dont le PIB est de 2779 milliards, possèdent une fortune cumulée 1.228 milliards.
A présent, l’aristocratie financière réclame que le pillage des richesses produites par la classe ouvrière et l’augmentation du budget miliaire pour préparer une guerre ouverte contre la Russie. Elle veut étouffer la lutte des classes à l’intérieur en saccageant des droits démocratiques, tout en attaquant drastiquement le niveau de vie des travailleurs.
Cette situation politique en France n’est pas isolée, mais fait partie d’une orientation vers des politiques d’extrême droite de la part des classes dirigeantes en Europe et internationalement, quels que soient les partis de l’establishment politique qui participent aux différents gouvernements.
Le premier ministre travailliste Starmer a indiqué devoir « agir et faire les choses différemment. Il s'agit notamment d'être honnête avec les gens, sur les choix auxquels nous sommes confrontés et sur la difficulté de la tâche. Franchement, les choses vont empirer avant de s'améliorer ». Pour faire passer la Grande-Bretagne à une économie de guerre, «les travaillistes mettront en place un quartier général stratégique militaire pleinement opérationnel et un directeur national de l'armement afin de créer un centre de défense fort, capable de conduire la Grande-Bretagne».
Le 27 mai, ma CGT a publié un rapport alarmant sur les 132 plans de licenciement, qui menaceraient entre 60.000 et 90 000 emplois, un record depuis 2008. Les 6000 travailleurs de Casino et Monoprix sont menacés de licenciements. Le géant français de la distribution de brochures publicitaires Milee, ex-Adrexo, a été placé en liquidation judiciaire et n’a pas de repreneur. Après plusieurs vagues de licenciements en 2024, les 5.000 employés restants vont, eux aussi, perdre leur travail.
La moitié des entreprises concernées font partie du secteur de la métallurgie, dominé par l’industrie automobile, semble ainsi en première ligne face à la vague de licenciements dénoncée par le syndicat, qui pourrait menacer 500 000 postes dans toute l’Europe d’ici 2040. Les travailleurs de MA France à Poissy, un sous-traitant du géant Stellantis, sont en grève contre la délocalisation de leur usine, qui menace de mettre 400 travailleurs à la porte.
Olaf Scholz, chancelier SPD en Allemagne a affirmé vouloir rétablir le contrôle à l’ensemble des frontières terrestre de l’Allemagne remettant en cause l’espace Schengen, après la poussé de l’AfD lors des élections régionales en Thuringe et en Saxe. Toujours en Allemagne, la société ferroviaire allemande Deustche Bahn annonce la suppression de 30 000 emplois. Aux Etats-Unis Stellantis a prévu pour le 8 octobre le licenciements collectifs de 2.450 travailleurs de l’usine d’assemblage de camions Warren dans la région de Detroit.
La politique d’extrême-droite est la norme de tous les gouvernements en Europe, à savoir une guerre de classes à l’intérieur et la guerre à l’extérieur. Cela ne peut être combattu sur le plan national par le soutien à un gouvernement NFP mais nécessite une riposte internationale sur le terrain de la lutte des classes. Cela nécessite de construire des organisations de lutte de base dans la classe ouvrière contre le fascisme, la guerre impérialiste et le capitalisme, sur la base d'une lutte internationale pour le pouvoir ouvrier et pour le socialisme.