Barnier présente un budget d’austérité pour financer l’escalade militaire

Alors que les marchés financiers mettent la pression sur le gouvernement Barnier pour mettre en œuvre un programme d’austérité, Barnier a présenté jeudi en conseil des ministres le budget de 2025 prévoyant 60 milliards d’économies. Le budget fait payer l’envolée de la dette aux travailleurs, afin de financer l’escalade militaire des guerres contre la Russie et au Moyen Orient.

Après un dérapage attendu à 6,1 pour cent du PIB cette année, l’objectif est de ramener le déficit public à 5 pour cent dès 2025, pour revenir en 2029 sous la limite de 3 pour cent tolérée par Bruxelles. Pour ce faire, le gouvernement prévoit de réduire de 40 milliards d’euros les dépenses et d’augmenter les recettes par des hausses d’impôts à hauteur de 20 milliards. Après plusieurs semaines de discussion au parlement, le budget devra être voté le 21 décembre.

Déplorant les informations lacunaires transmises jusque-là par le gouvernement, le président du Haut Conseil des finances publiques (HCFP), Pierre Moscovici, a dit que « le scénario macroéconomique du gouvernement pour 2024 est maintenant dans l'ensemble réaliste. Celui pour 2025 paraît encore fragile, notamment une prévision de croissance à 1,1 pour cent un peu trop ‘optimiste’».

Pour économiser 40 milliards d’euros, le gouvernement va reporter de six mois, au 1er juillet 2025, la revalorisation des retraites, indexée sur l’inflation, qui intervient habituellement en janvier. Le budget 2025 pour l’Education nationale, premier poste de dépenses de l’Etat, prévoit 4.000 postes d’enseignants en moins par rapport à 2024, principalement en maternelle et en élémentaire, a indiqué jeudi le ministère. Pour les seuls services de l’État, 1196 postes seraient supprimés.

Concernant les opérateurs de l’État, comme les grands établissements publics, 1005 postes seront supprimés.

Le gouvernement envisage également d’alourdir la taxation du secteur aérien français d’un milliard d’euros, mais aussi de l’électricité ce qui va impacter le budget des personnes aux revenus moyen ou faibles.

La hausse de l’objectif de dépenses de l’Assurance maladie sera contenue à 2,8 pour cent après 3,3 pour cent en 2024. Les revalorisations tarifaires récemment négociées avec les syndicats de médecins libéraux doivent aboutir à une économie de 4 milliards. De plus, le gouvernement prévoit de diminuer la part de l’Assurance maladie dans le remboursement des consultations chez le médecin entre autres et baisser le plafond de remboursement des arrêts-maladie des Français.

Par contre, le gouvernement propose au Parlement un budget 2025 une nouvelle fois en hausse pour le ministère des Armées, épargné par les efforts de réduction du déficit public et conforme à la Loi de programmation militaire (LPM), selon le projet de loi présenté jeudi. Comme l’an passé, le budget des Armées doit progresser de 3,3 milliards d’euros et atteindre 50,5 milliards d’euros hors pensions, soit 2 pour cent du PIB.

Le gouvernement va soumettre environ 400 grandes entreprises, pendant deux ans, à une « contribution exceptionnelle » sur leurs bénéfices réalisés en France en 2024 et 2025 afin de participer au redressement des finances publiques. Le gouvernement demande à 65 0000 familles les plus riches un effort pendant trois ans, afin de récupérer 2 milliards d’euros en 2025.

Ainsi les deux-tiers des efforts pour réduire le déficit prennent la forme de mesures d’austérité qui impacteront surtout les travailleurs et les personnes modestes. La hausse des impôts sur les grandes sociétés et les ultra-riches pourra être contournée par les niches fiscales et autres mécanismes existants pour détourner des sommes destinées au calcul des impôts. En fin de compte le gouvernement a fait cette annonce pour couvrir le fait que son budget est surtout une déclaration d’une guerre de classe contre les travailleurs.

Sur X Mélenchon a réagi en écrivant : «Après avoir propagé la misère, voici l'organisation de l'ignorance». Le député insoumis du Nord, Aurélien le Coq, estime lui que le budget proposé par Michel Barnier est un «budget de guerre sociale» et «Une boucherie qui va continuer de faire cracher du sang aux Français».

Le RN, la force principale sur laquelle le gouvernement Barnier dépend pour exister au parlement, a émis des critiques sur le budget 2025 présenté par Barnier: Jean-Philippe Tanguy, a fait part sur LCI de son opposition au projet de budget. «L'effort est très mal réparti», selon lui, «puisqu'on identifie au moins 7 milliards d'euros sur les classes moyennes et populaires et seulement 2 milliards d'euros sur les plus privilégiés. Et ça, pour nous, c'est inacceptable».

Les agences de notation ont réagi vendredi soir à la présentation du budget 2025 en maintenant la note de la France. Cependant la France est placée sous perspective negative. Déjà la Commission européenne a ouvert une procédure de déficit excessif visant la France.

Les agences de notation pourraient dégrader la note de la France en fonction des discussions dans l’hémicycle et l’évolution de la situation politique en France. Ainsi les agences de notation et les marchés financiers mettent la pression sur les parlementaires pour qu’ils votent le budget et éviter que Barnier n’ait à utiliser le 49-3 pour faire passer le budget 2025 en force.

Ce que craignent les marchés financiers c’est une explosion sociale qui couve contre un gouvernement impopulaire dont la survie dépend du RN et sous la présidence d’un Macron haï. En effet, la tentative du gouvernement en 2023 d’imposer ainsi par la force une réforme des retraites massivement impopulaire a mis le feu aux poudres, provoquant les plus grandes grèves et manifestations en France depuis la grève générale de Mai 68.

Une épreuve de force se dessine à nouveau, autour de la dette massive de la France, entre les travailleurs et les marchés financiers internationaux. Au courant des dernières décennies, les gouvernements européens ont injecté des milliers de milliards de deniers publiques sur les marchés financiers qui ont endetté les états enrichissant l’aristocratie financière comme jamais dans le passé. Cela a aussi financé l’escalade militaire contre la Russie sur le sol ukrainien. A présent, la classe dirigeante veut que la classe ouvrière paye pour continuer toutes ces politiques impopulaires.

En 2023, la réforme des retraites de Macron a dégagé des dizaines de milliards d’euros pour financer l’économie de guerre. Les travailleurs s’y sont opposés, appelant majoritairement de leurs vœux une grève générale pour bloquer la réforme et faire chuter Macron. Mais les directions syndicales et leurs alliés de la pseudo gauche comme Mélenchon ont sifflé la fin de la mobilisation et ont bloqué une lutte politique pour faire chuter Macron, car ces organisations sont favorables à la guerre contre la Russie et donc aux coupes sociales qu’elles ont négociées avec Macron.

Les travailleurs doivent lutter contre la guerre à l’extérieur et la guerre de classes de Barnier, en se libérant du diktat qu’exercent les directions syndicales et le Nouveau Front Populaire sur leurs luttes. Il faut préparer une mobilisation soutenue, s’opposant à l’austérité mais aussi aux guerres en Europe et au Moyen-Orient vers lesquelles la bourgeoisie détourne l’argent public, et les plans de relance qui ont saigné les finances publiques à blanc au profit des classes possédantes. Il faut saisir ces ressources afin qu’ils puissent servir à financer les besoins sociaux de la population.

Face à une aristocratie financière organisée internationalement, les travailleurs doivent s’allier à leurs frères et sœurs de classe en lutte à l’international sous la bannière du socialisme et de l’internationalisme.

Loading