Le ministère américain de la Défense a annoncé dimanche qu’une batterie de défense antimissile THAAD, pilotée par des soldats américains, était déployée en Israël, marquant la première fois que des troupes américaines sont déployées en Israël depuis le 7 octobre 2023.
Cette décision intervient alors que des responsables américains ont déclaré à la chaîne NBC qu'ils étaient en discussion active avec Israël au sujet des frappes israéliennes prévues sur l'infrastructure énergétique de l'Iran et qu'Israël avait «délimité ce qu'il allait prendre pour cible ».
L'annonce fait suite à une déclaration de la vice-présidente Kamala Harris dans une interview la semaine dernière selon laquelle l'Iran était le «plus grand adversaire» des États-Unis.
Le déploiement de la batterie THAAD et de troupes de combat américaines marque une expansion majeure de l'implication directe des États-Unis dans la guerre. Au cours de l'année écoulée, le gouvernement Biden a continué à prétendre qu'Israël, qu'il finance et arme, agit indépendamment de Washington, qui recherche nominalement un «cessez-le-feu» au Moyen-Orient. Mais ce prétexte s'effondre de plus en plus, à mesure que les États-Unis s'impliquent directement dans une guerre visant à réorganiser le Moyen-Orient sous domination impérialiste.
Dans un article décrivant une «nouvelle stratégie» dans la guerre menée contre le Liban, Reuters note: «Maintenant, les responsables américains ont abandonné leurs appels à un cessez-le-feu, arguant que les circonstances ont changé.» L’article cite ainsi le porte-parole du département d’État, Matthew Miller: « Nous soutenons le lancement par Israël de ces incursions pour dégrader l’infrastructure du Hezbollah».
En annonçant le déploiement des troupes, le Pentagone a déclaré: «La batterie THAAD renforcera le système intégré de défense aérienne d'Israël. Cette action souligne l'engagement sans faille des États-Unis dans la défense d'Israël (...) contre toute nouvelle attaque de missiles balistiques par l'Iran».
Il a ajouté: «Cela fait partie des ajustements plus larges que l'armée américaine a faits ces derniers mois pour soutenir la défense d'Israël et protéger les Américains des attaques de l'Iran et des milices alignées sur l'Iran.»
Interrogé dimanche sur les raisons de l’envoi par les États-Unis de ce système de missiles, Biden a répondu «pour défendre Israël».
THAAD, ou Terminal High Altitude Area Defense (Défense de zone terminale à haute altitude), est un système de défense antimissile opéré par l'armée américaine. Chaque batterie THAAD comprend généralement six lanceurs montés sur camion, une unité radar et un centre de contrôle de tir, et compte environ 100 personnes.
En septembre, les États-Unis ont annoncé le déploiement de milliers de soldats supplémentaires au Moyen-Orient, s'ajoutant aux 40 000 soldats américains déjà déployés dans la région.
L'annonce intervient alors qu'Israël intensifie son déchaînement à travers le Moyen-Orient, attaquant les Casques bleus de l'ONU au Liban et intensifiant sa campagne de bombardement et de famine au Liban.
Dimanche, les Nations unies ont déclaré dans un communiqué que des chars israéliens avaient brisé les portes de la base de leur force de maintien de la paix dans le sud du Liban, suite à une série d’attaques contre les forces de maintien de la paix de l’ONU dans la région.
L’attaque de dimanche contre les forces de l’ONU s’est produite après que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, eut exigé que les Casques bleus de l’ONU se retirent vers le nord. «Le temps est venu pour vous de retirer la FINUL des bastions du Hezbollah et des zones de combat», a déclaré Netanyahou dans une déclaration au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Dans un discours enregistré dimanche, Netanyahou a déclaré que la force de maintien de la paix de l’ONU fournissait «un bouclier humain aux terroristes du Hezbollah». (Israël qualifie généralement les civils qu’il cible de «boucliers humains».)
La Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a été créée en 1978 pour superviser le retrait des forces israéliennes vers la frontière sud, connue sous le nom de «Ligne bleue», qui délimite la frontière entre le Liban, Israël et le plateau du Golan. Elle comprend 10 000 soldats, dont 1 000 envoyés par l'Italie, 700 par la France et 700 par l’Espagne.
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré dans un communiqué que «les attaques contre les soldats de la paix constituent une violation du droit international, y compris du droit international humanitaire. Ils peuvent constituer un crime de guerre.»
Israël intensifie pendant ce temps son génocide à Gaza, assiégeant le camp de réfugiés de Jabalyia, où plus de 300 Palestiniens ont été tués en plus de neuf jours. Dans une déclaration sur X, la rapporteure spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, a écrit samedi que «les forces israéliennes commettent un autre massacre dans le nord de Gaza. À Jabalyia, les gens sont tués, à la fois en groupes et un par un, dans un milieu de cruauté et de sadisme indicibles. Par des Israéliens qui ont accepté d’être les “bourreaux volontaires” d’un plan génocidaire. Avec des armes de fabrication occidentale et avec le soutien de l’Occident».
Dans une déclaration, Muhannad Hadi, coordinateur humanitaire pour le territoire palestinien occupé, a rapporté dimanche qu’Israël avait systématiquement bloqué l’entrée de nourriture et de fournitures essentielles dans le nord de Gaza, forçant les 400 000 personnes de cette zone à se déplacer vers le sud. « Depuis le 1er octobre 2024, les autorités israéliennes ont de plus en plus coupé le nord de Gaza des approvisionnements essentiels. Les points de passage d’Erez et d’Erez Ouest ont été fermés et aucun produit de première nécessité n’a été autorisé en provenance du sud. Trois ordres renouvelés ont été émis les 7, 9 et 12 octobre, ordonnant aux gens de se déplacer», écrit-il.
Il ajoute: «Ces deux dernières semaines, plus de 50 000 personnes ont été déplacées de la région de Jabalyia, qui est isolée, tandis que d’autres restent bloquées chez elles dans un contexte d’intensification des bombardements et des combats. Un siège militaire qui prive les civils de moyens essentiels à leur survie est inacceptable. Les dernières opérations militaires dans le nord de Gaza ont imposé la fermeture de puits d’eau, de boulangeries, de points médicaux et d’abris, ainsi que la suspension des services de protection, du traitement de la malnutrition et des espaces scolaires temporaires.»
(Article paru en anglais le 14 octobre 2024)