À moins de trois semaines de l'élection présidentielle de 2024, le gouvernement Biden a déployé des troupes de combat américaines en Israël dans le cadre d'un accord avec le gouvernement Netanyahou pour attaquer l'Iran.
Il y a une longue histoire d'événements ayant lieu en octobre et qui ont des effets majeurs sur une prochaine élection présidentielle américaine. En déployant des troupes américaines en Israël, le gouvernement Biden ne cherche pas tant à influencer les chances électorales de Kamala Harris qu'à garantir que ses plans d'escalade militaire soient en cours d’exécution avant les élections. Au lieu d'une «surprise d'octobre», c’est une «conspiration d'octobre» qui vise à étendre massivement l'engagement des États-Unis dans une guerre de tout le Moyen-Orient.
Mercredi, Biden a eu un appel téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour discuter de plans conjoints liés à l'Iran. Selon un responsable américain ayant décrit l'appel au Washington Post Netanyahou a informé Biden qu'il «prévoyait de cibler des infrastructures militaires iraniennes». Selon le Post les deux responsables avaient déclaré que «la position du Premier ministre avait été prise en compte dans la décision de Biden d'envoyer un puissant système de défense antimissile à Israël ».
Autrement dit, Biden a approuvé les plans de Netanyahou d’attaquer l'Iran et a clairement indiqué que les États-Unis fourniraient des «troupes sur le terrain» pour soutenir une telle opération. Dimanche, le ministère de la Défense a annoncé officiellement qu'il enverrait à Israël un système de défense antimissile THAAD, opéré par une centaine de soldats américains.
Le déploiement de ces troupes de combat ouvre la porte à une extension beaucoup plus vaste de la participation directe des États-Unis dans la guerre au Moyen-Orient. Dans une interview accordée à CNN, Cedric Leighton, colonel à la retraite de l'armée de l'air, a menacé: «Si ces troupes sont blessées d'une manière ou d'une autre, les États-Unis pourraient être entraînés dans la guerre, ce qui pourrait avoir des conséquences significatives au-delà de ce que nous imaginons à ce stade».
Dans les jours qui ont suivi l'entretien avec Biden, Israël a considérablement intensifié ses attaques contre la population de Gaza et s'en est pris directement aux forces de maintien de la paix des Nations unies au Liban, franchissant la «ligne bleue» au Liban au mépris d'un mandat des Nations unies.
Mercredi, l'Associated Press a rapporté que Netanyahou «envisageait» un «plan pour vider le nord de Gaza des civils et couper l'aide à ceux qui restent à l'intérieur [de cette zone]».
L’agence écrit que «le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou étudie un plan visant à bloquer l'aide humanitaire au nord de Gaza dans le but d'affamer les militants du Hamas, un plan qui, s'il était mis en œuvre, pourrait piéger sans nourriture ni eau des centaines de milliers de Palestiniens qui ne veulent ou ne peuvent pas quitter leurs maisons ».
«Ceux qui restent seraient considérés comme des combattants, ce qui signifie que les règlements militaires permettraient aux troupes de les tuer et de les priver de nourriture, d'eau, de médicaments et de carburant.»
Quand les médias américains déclarent que les États-Unis ou leurs mandataires «envisagent» d’entreprendre une action, cela signifie que le plan a déjà été décidé. En réalité, Israël a déjà bouclé le nord de Gaza, exigeant que tous les habitants fuient et tuant systématiquement ceux qui restent.
Au cours des deux derniers jours, des millions de personnes dans le monde ont été choquées et horrifiées des images montrant des patients de l'hôpital des martyrs d'al-Aqsa brûlés vifs par des bombes incendiaires israéliennes, lancées dans le cadre de cette opération de nettoyage ethnique en train d’être intensifiée.
En annonçant l'envoi de troupes américaines en Israël au milieu de ce carnage, le gouvernement Biden montre l’hostilité et le mépris total du Parti démocrate et de la campagne Harris à l'égard du sentiment anti-guerre de masse. Cela montre également la futilité de tous les efforts visant à arrêter le génocide en faisant appel à une partie de l'establishment politique, qui est entièrement complice de ce massacre commis à échelle industrielle.
Mais le génocide lui-même est inextricablement lié à une guerre régionale et mondiale plus large. La cible immédiate est l'Iran. Dans une interview accordée à l'émission «60 Minutes» la semaine dernière, Harris a déclaré qu'elle croyait que l'Iran était «notre plus grand adversaire». Interrogée sur une éventuelle attaque militaire américaine de l'Iran, elle a déclaré: «Je ne vais pas parler d'hypothèses pour le moment.»
Mais ce n’est pas là un scénario hypothétique. Il s'agit d'un plan actif des États-Unis visant à faciliter une guerre avec l'Iran, avec les conséquences les plus étendues et les plus catastrophiques. L'objectif des États-Unis et d'Israël est la réorganisation totale du Moyen-Orient sous domination impérialiste. Les États-Unis ne se sont jamais réconciliés avec la révolution iranienne de 1979 qui a renversé la dictature du Shah soutenue par les États-Unis. Pendant des décennies, les gouvernements américains successifs ont comploté un changement de régime à Téhéran et le remplacement du gouvernement iranien par une nouvelle dictature soutenue par les États-Unis.
Les initiatives en faveur d'une guerre directe avec l'Iran sont elles-mêmes liées à la guerre menée par les États-Unis et l'OTAN contre la Russie et au conflit qui se développe avec la Chine.
Le déploiement de troupes américaines en Israël s'inscrit dans le contexte d'une série de revers de plus en plus importants pour l'OTAN en Ukraine, alors que les forces russes avancent sur tout le front. Face à cette réalité, les États-Unis cherchent à ouvrir un nouveau front dans leur guerre pour la domination mondiale.
L'impérialisme américain considère l'Iran comme un allié central de la Russie et un facilitateur de ses opérations militaires. Un récent rapport du Conseil européen des relations étrangères déclarait que «la Russie se trouve maintenant dépendante de l'Iran d'une manière qui était inimaginable avant février 2022. ... L'Iran, autrefois un acteur secondaire, est aujourd'hui l'un des collaborateurs les plus importants de la Russie dans la guerre en Ukraine.»
Les stratèges américains estiment qu'une fois qu'ils auront verrouillé les approvisionnements pétroliers de l'Iran, ils seront mieux placés pour intensifier leur guerre avec la Russie et finalement avec la Chine. De plus en plus, les planificateurs de guerre américains parlent de tous ces pays ciblés par l'impérialisme américain comme d’un «nouvel axe du mal», reprenant la formule inventée par le gouvernement Bush quand il préparait l'invasion de l'Irak.
Une nouvelle stratégie est nécessaire pour la lutte contre la guerre, qui ne soit pas basée sur des demi-mesures et des appels à la moralité des puissances impérialistes. Dans ses remarques au webinaire en ligne du SEP (Socialist Equality Party – Parti de l'égalité socialiste) la semaine dernière, commémorant l'anniversaire du génocide de Gaza, le président du comité de rédaction du World Socialist Web Site David North a déclaré: «comme dans toute grande période, c’est l’un ou l’autre. Soit l’humanité progresse, soit elle marche à la destruction. Si la révolution sociale est impossible, alors cela signifie que la survie de l’humanité est impossible.»
Il n'y a pas de «chemin facile» ou de raccourci dans la lutte pour éviter la catastrophe militaire qui menace le monde entier. Cela nécessite la construction d'un mouvement anti-guerre socialiste de masse, enraciné dans la classe ouvrière et armé de la perspective du socialisme international.
(Article paru en anglais le 15 octobre 2024)