Joe Biden est arrivé jeudi soir à Berlin pour son dernier voyage en Europe en tant que président américain, un sommet de crise avec des dirigeants allemands, britanniques et français. Il recevra une décoration des mains du président allemand Frank-Walter Steinmeier avant de rencontrer le chancelier Olaf Scholz cet l'après-midi. Le Premier ministre britannique Sir Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron les rejoindront plus tard.
Le monde est au bord d'une escalade catastrophique militaire de l'OTAN au Moyen-Orient et en Europe, sur fond de divisions croissantes au sein de l'OTAN. La bourgeoisie européenne craint qu'une victoire de Trump aux présidentielles américaines de novembre ne brise leurs relations avec les États-Unis. Et la Russie et l'Iran avertissent qu'ils réagiront aux frappes sur leur territoire par des régimes pro-OTAN en Ukraine et en Israël par des contre-attaques dévastatrices.
La semaine dernière, Biden devait se rendre à un sommet à la base aérienne de Ramstein pour autoriser l'Ukraine à utiliser des missiles de l'OTAN pour frapper la Russie. Mais le Kremlin a modifié sa doctrine nucléaire, autorisant des frappes nucléaires contre des puissances nucléaires qui armeraient des pays comme l'Ukraine pour attaquer le territoire russe. Face à la menace de représailles nucléaires contre les pays de l’OTAN, Biden a annulé le sommet Ramstein et l'a remplacé par une brève réunion de travail de 24 heures entre les quatre puissances à Berlin.
Face au génocide israélien à Gaza, Téhéran a annoncé une action «décisive» si Israël bombardait à nouveau l'Iran. Après que l'Iran a tiré une salve d'avertissement de 200 missiles sur Israël après l'invasion israélienne du Liban et à l'assassinat du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, Israël a menacé de bombarder les installations pétrolières et nucléaires iraniennes. L'Iran a réagi en interrompant les pourparlers avec les États-Unis dans le sultanat d'Oman.
«L’Iran, tout en faisant tous les efforts pour protéger la paix et la sécurité régionales, est à regret prêt à une réponse décisive à toute aventure», a déclaré mercredi le ministre iranien des Affaires Etrangères, Abbas Araghchi. La frappe d’avertissement initiale avec quelques centaines de missiles a submergé les défenses aériennes israéliennes. Une frappe à grande échelle avec des milliers de missiles, cette fois lancée sans avertissement préalable, pourrait dévaster Israël.
Les sommets de l'OTAN et de l'UE d'hier ont montré que les puissances impérialistes veulent poursuivre l'escalademilitaire, en foulant aux pieds l'opinion. Les travailleurs sont massivement hostiles au génocide de Gaza et ainsi qu'aux appels à envoyer des troupes de l'OTAN en Ukraine pour combattre la Russie. Mais les responsables de l'OTAN discutent justement de ces politiques, qui pourraient provoquer un krach économique ou une guerre nucléaire.
Un sommet de deux jours des ministres de la Défense de l'OTAN a débuté hier à Bruxelles, portant sur l'Ukraine et les plans de guerr contre la Chine. Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a engagé les pays européennes de l'OTAN à dépenser 50 milliards de dollars cette année pour soutenir l'Ukraine. Il a proposé d’intensifier la planification militaire en Asie.
L'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon et la Corée du Sud ont participé à leur premier sommet de l'OTAN à Bruxelles, et Rutte a salué leur présence : «La Chine et d'autres régimes autoritaires continuent d'alimenter la guerre d'agression de la Russie et de menacer la sécurité euro-atlantique. La guerre en Ukraine montre que l'instabilité en Europe peut avoir des retombées considérables dans le monde, et des pays situés à des milliers de kilomètres, aussi éloignés que l'Iran, la Chine et même la Corée du Nord, peuvent devenir des fauteurs de troubles dans notre pré carré».
Rutte s’exprimait sur fond de tensions croissantes sur la péninsule coréenne. Les forces sud- et nord-coréennes sont en état d'alerte après que le régime nord-coréen a réagi aux survols de drones sud-coréens en fermant la frontière et en menaçant de représailles nucléaires en cas d'invasion.
Le Conseil européen des chefs d'État de l'UE s'est aussi réuni hier. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky leur a présenté son «plan de victoire », présenté la veille au parlement ukrainien. Ce plan prévoit de brader aux pays de l'OTAN de milliers de milliards de dollars en ressources minérales ukrainiennes, l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN et des frappes de missiles à longue portée sur la Russie, des mesures qui pourraient déclencher une guerre nucléaire.
Le Conseil a réitéré l'engagement à verser 50 milliards de dollars à l'Ukraine. Tout en se disant «profondément alarmé par l'escalade militaire dramatique au Moyen-Orient», il a «réaffirmé le droit d'Israël à se défendre», le prétexte utilisé par Washington et le régime israélien pour justifier le génocide à Gaza et l'agression visant le Liban.
L’escalade militaire, le génocide à Gaza et l'offre de Zelensky de laisser l’OTAN piller l'Ukraine démasquent les objectifs de l’oTAN. Elle ne lutte ni pour la démocratie ukrainienne ni contre le terrorisme islamiste. Face aux contradictions du capitalisme que les marxistes du XXe siècle ont identifiées comme les causes des guerres mondiales — entre l'économie mondiale et le système d’États-nations, et entre la production socialisée et le profit privé —, les puissances de l'OTAN réagissent, comme au siècle dernier, par des guerres de pillage et d’extermination.
Les conflits matériels qui poussent ces guerres apparaissent dans les préparatifs du sommet Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud (BRICS) à Kazan, en Russie à instaurer un système de paiement international alternatif au dollar, potentiellement basé sur l'or. Cela serait crucial si la Russie et la Chine voulaient échapper aux sanctions américaines tout en aidant l'Iran dans une guerre avec Washington. Mais en réduisant l'utilisation du dollar dans le commerce mondial, ceci pourrait aussi provoquer une chute majeure de la valeur du dollar.
Face aux résultats désastreux des guerres pour les alliés de l'OTAN, cette dernière prépare des mesures téméraires et escalatoires. Non seulement les forces israéliennes n'ont pas pu écraser le Hamas malgré une violence génocidaire à Gaza, mais leur avancée est bloquée à peine un kilomètre à l'intérieur du Liban. Une nouvelle escalade israélienne pourrait déclencher une guerre régionale et, en stoppant le commerce pétrolier du golfe Persique, plonger l'économie mondiale dans une crise profonde.
Quant à l'Ukraine, où des manifestations ont éclaté à Kiev pour dénoncer les pertes massives, son armée compte plus d'un million de morts et de blessés et bat en retraite sur tout le front. Il est de plus en plus évident que, pour changer cet état de fait, les pays de l'OTAN devront engager un grand nombre de leurs propres troupes dans la guerre.
De plus, l'élection présidentielle américaine déstabilisent l'OTAN. Lors de son premier mandat, Trump a imposé des droits de douane sur les exportations européennes vers les États-Unis. Un article de Politico sur le sommet de Berlin intitulé « Biden's mission to soothe Germany's Trump angst » («La mission de Biden pour apaiser l'angoisse de l'Allemagne face à Trump») a fait part des craintes des cercles dirigeants européens d’une intensification de cette politique.
«Malgré les discours inévitables sur l’importance de l’allaince entre leurs deux pays, Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz laissent derrière eux un conflit gelé en Ukraine», a écrit Politico, avant d’ajouter: «Une victoire aux présidentielles américaines de Donald Trump, qui a semé le doute sur le maintien du soutien américain à Kiev … plongerait en un soir les relations avec l’Europe dans une crise.»
Il faut alerter et de mobiliser les travailleurs à l’international contre le danger d'escalade militaire. Les gouvernements capitalistes comptent verser encore plus de sang, dépenser encore des milliards sur la guerre, et s'attaquer au niveau de vie et aux droits sociaux des travailleurs afin de financer l’escalade. Pour s’y opposer il faut construire un mouvement anti-guerre international et socialiste au sein de la classe ouvrière contre la guerre impérialiste et le capitalisme.