Le 28 janvier, les services secrets ukrainiens (SBU) ont arrêté des jeunes et des travailleurs ukrainiens qui s'opposent à la mobilisation forcée des jeunes hommes dans la guerre par procuration de l'OTAN contre la Russie. Le World Socialist Web Site, l'organe du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), exige la libération immédiate des prisonniers. Leur vie est en danger. Les prisons ukrainiennes sont connues pour leurs tortures et leurs conditions inhumaines, et le SBU est connu pour ses liens étroits avec les néo-nazis. Les photos publiées par le SBU lors des rafles indiquent que des violences ont déjà été commises sur les personnes arrêtées.
L'information sur les arrestations a d'abord été diffusée par un membre de la famille de l'une des victimes des rafles du SBU. Sur une chaîne Telegram, ils ont rapporté ce qui suit :
Le matin du 28 janvier, de nombreux jeunes gens aux convictions anti-guerre et anti-fascistes ont été fouillés et arrêtés en Ukraine. Ils sont accusés d'avoir participé à l'organisation Front des travailleurs d'Ukraine et d'avoir enfreint l'article 114-1 du Code pénal ukrainien (Obstruction aux activités légales des forces armées ukrainiennes et d'autres formations militaires). L'article 114-1 est l'article en vertu duquel sont jugés ceux qui s'opposent à la mobilisation violente en Ukraine : qu’il s’agisse d’administrateurs de chaînes Telegram qui publient des messages sur l'arbitraire du TCR [Centre territorial pour le recrutement et le soutien social, l'agence qui met en œuvre la mobilisation] ou de personnes qui ont des opinions politiques opposées au système actuel.
Dans un communiqué de presse officiel daté du 1er février, le bureau du procureur de la ville de Kiev a déclaré avoir arrêté des membres d'une « organisation communiste clandestine, qui ont perturbé la mobilisation et appelé à ne pas faire de dons aux forces armées ». Des arrestations ont eu lieu à Dnipropetrovsk, Odessa et dans les régions de Poltava et de Kharkiv (Kharkov). Le bureau du procureur accuse les jeunes d'adhérer à « l'idéologie marxiste et communiste ». Selon les allégations, ils ont distribué des tracts dans plusieurs villes et géré des canaux de médias sociaux encourageant les gens à
penser qu'il n'est pas nécessaire de défendre l'Ukraine, en disant que quelqu'un d'autre devrait le faire. De même, [les jeunes ont soutenu qu'] il n'est pas nécessaire de collecter des fonds pour acheter des drones, des caméras thermiques ou d'autres formes d'assistance à l'armée. Dans leurs messages, les auteurs ont également utilisé des déclarations émotionnelles, prétendument faites par des femmes, pour soutenir que personne n'est obligé de se battre, essayant ainsi de perturber la mobilisation et de persuader les épouses des personnes pouvant être recrutées au service militaire de résister à la mobilisation [et] de convaincre leurs maris de se soustraire au service.
Une autre chaîne Telegram, Dialektik, a rapporté le 3 février :
Selon l'enquête, les personnes arrêtées ont créé des imprimeries clandestines et distribué des tracts incitant les civils à se soustraire à la mobilisation et les militaires à rejoindre les comités de soldats et à déserter. Lors des perquisitions, du matériel et de la littérature communiste ont été saisis. Les photos publiées montrent des blessures au visage et des liens en plastique sur les mains au lieu de menottes, ce qui est en soi considéré comme de la torture car cela bloque partiellement la circulation du sang vers les mains. Les détenus sont des étudiants et des employés d'entreprises locales. Ils sont tous accusés d'avoir entravé les activités des forces armées ukrainiennes (article 114-1 du Code pénal ukrainien). Les militants risquent jusqu'à 15 ans de prison.
Les photos publiées par le SBU montrent que les ouvrages confisqués comprennent des volumes du Capital de Karl Marx et un volume contenant des œuvres de Lénine : L'impérialisme, stade suprême du capitalisme et L'État et la révolution.
Les poursuites engagées contre ces jeunes témoignent de l'immense opposition populaire à la guerre menée par l'OTAN contre la Russie en Ukraine. Cette guerre, qui en est presque à sa quatrième année, aurait coûté la vie à plus d'un demi-million de travailleurs et de jeunes Ukrainiens, et en aurait blessé beaucoup d'autres ou les aurait rendus infirmes à vie. Des milliers de personnes sont régulièrement enlevées dans la rue et forcées de passer au « hachoir à viande » sur le front. Au cours de l'année écoulée, les désertions ont atteint des proportions énormes.
Le régime Zelensky, armé et financé par les puissances impérialistes, n'a pu imposer cette guerre à la population ukrainienne qu'en intensifiant la répression contre toute opposition de gauche à la guerre. Dans les premiers jours qui ont suivi l'invasion russe, le régime a interdit 13 grands partis d'opposition. Parmi eux, le parti de l'Union ukrainienne des forces de gauche – Pour un nouveau socialisme, dont le chef, Maxim Goldarb, a dû fuir le pays. Reconnaissant tacitement le caractère politiquement répressif d'un régime qu'elle a armé à coups de milliards, l'Union européenne a accordé en janvier une protection internationale à Maxim Goldarb.
Le 25 avril 2024, le SBU a arrêté le jeune trotskiste ukrainien Bogdan Syrotiuk, un dirigeant de la Jeune Garde des bolcheviks-léninistes (JGBL). Il a été inculpé de « trahison d'État sous la loi martiale », une infraction passible d'une peine d'emprisonnement allant de 15 ans à la perpétuité. En solidarité politique avec le CIQI, la JGBL s'est opposée à la guerre en Ukraine d'un point de vue socialiste, luttant pour unir les travailleurs russes et ukrainiens avec la classe ouvrière d'Europe et d'Amérique.
En date de mars 2024, l'Ukraine comptait au moins 55.000 prisonniers politiques détenus comme « collaborateurs » par le SBU, selon les Nations unies. Ce nombre aura sans doute augmenté de manière significative au cours de l'année écoulée.
Les dernières arrestations de jeunes anti-guerre ne soulignent pas seulement le caractère brutal de la guerre de l'OTAN et la nature dictatoriale du régime de Zelensky en Ukraine. Elles montrent également que d'importantes sections de travailleurs et de jeunes cherchent à trouver une solution fondée sur le socialisme. La lutte pour leur libération, celle de Bogdan Syrotiuk et de tous les autres prisonniers politiques en Ukraine, est une composante indispensable et urgente de la lutte contre l'émergence d'une troisième guerre mondiale impérialiste.
(Article paru en anglais le 6 février 2025)