WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis
Voici la deuxième partie de la déclaration de principes adoptée à l’unanimité par le Congrès fondateur du Parti de l’égalité socialiste (Etats-Unis) qui s'est tenu du 3 au 9 août 2008. La première partie a été publiée le 16 octobre.
Contre l'opportunisme
22. Lorsqu’il aborde une question politique ou qu’il considère quelle tactique choisir, le PES défend les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière, se basant sur la compréhension scientifique des lois du système capitaliste et de la dynamique politique de la société de classe ainsi que sur l’assimilation systématique des leçons de l'histoire. C'est cette approche qui permet au PES d'être irréconciliablement opposé aux politiques opportunistes qui, en visant des gains tactiques à court terme, sacrifient les intérêts à long terme de la classe ouvrière. Encore et encore, les opportunistes ont expliqué leur abandon d'une politique de principe en prétendant être des politiciens réalistes, qui ne sont pas guidés par des dogmes « inflexibles » et qui comprennent comment adapter la pratique aux nécessités de n'importe quelle situation. Maintes fois de telles politiques « réalistes » les ont mené au désastre, précisément parce qu'elles étaient basées sur une appréciation superficielle, impressionniste, non-marxiste, et, donc, irréaliste et fausse des conditions objectives et de la dynamique de la lutte des classes.
23. L'opportunisme n'est pas seulement le produit d'une erreur intellectuelle et théorique. Il a de profondes racines socio-économiques dans la société capitaliste et se développe à l'intérieur de mouvement ouvrier comme l'expression de la pression de forces de classe hostiles. Toutes les importantes manifestations d'opportunisme (de celle de Bernstein, qui s’est développée au sein de la social-démocratie allemande à la fin du 19e siècle, et celle de Staline, à l'intérieur du parti bolchevique dans les années 1920, à celle de Pablo et de Mandel au début des années 1950 au sein de la Quatrième Internationale, et finalement à l'opportunisme du Workers Revolutionary Party qui l'a amené à rompre avec le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) au milieu des années 1980) se révèlent après examen comme étant l'influence exercée par des forces bourgeoises et petites-bourgeoises sur la classe ouvrière. Telle est la cause fondamentale, ainsi que l'importance, du révisionnisme et de la politique opportuniste. La lutte contre ces tendances n'est pas une diversion des tâches de construction du parti mais, plutôt, le point culminant de la lutte pour le marxisme dans la classe ouvrière.
La conscience socialiste et la crise de direction
24. Le Parti de l’égalité socialiste, en solidarité politique avec le CIQI, défend la conception classique marxiste développée systématiquement par Lénine dans la construction du parti bolchevique et avancée par Trotsky dans la lutte pour fonder et construire la Quatrième Internationale, la conception que la conscience socialiste révolutionnaire ne se développe pas spontanément dans la classe ouvrière. La conscience socialiste nécessite une compréhension scientifique des lois du développement historique et du mode de production capitaliste. Ces connaissances et cette compréhension doivent être introduites dans la classe ouvrière, et c'est la tâche principale du mouvement marxiste. C'est précisément ce que Lénine soulignait, dans Que faire ?, lorsqu’il écrivit, « Sans théorie révolutionnaire il ne peut pas y avoir de mouvement révolutionnaire. » Sans les efforts du parti révolutionnaire pour introduire la théorie marxiste dans le mouvement ouvrier, la forme prédominante de conscience de masse ouvrière demeurera le syndicalisme, défini par Lénine comme la « conscience bourgeoise » de la classe ouvrière. Le dénigrement de la lutte pour la conscience révolutionnaire, généralement associé à des attaques démagogiques contre un prétendu « élitisme » intellectuel et marxiste, est la spécialité des universitaires réactionnaires et des opportunistes politiques.
25. La victoire du socialisme, et donc la survie et le développement progressiste de la civilisation humaine, nécessite la construction, basée sur la théorie marxiste, de la Quatrième Internationale, le Parti mondial de la révolution socialiste. Le socialisme ne se réalisera pas comme l'issue inévitable d'un processus historique inconscient. Toute l'histoire du 20e siècle réfute cet « inévitabilisme » fataliste, qui est une caricature du déterminisme matérialiste historique, et n'a rien en commun avec l'interaction dynamique de la connaissance, la théorie, et la pratique exemplifiée par les travaux de Marx, Engels, Lénine, et Trotsky. Le capitalisme a survécu au 20e siècle non pas parce que les conditions objectives étaient insuffisamment développées pour le socialisme, mais plutôt parce que la direction des partis de masse de la classe ouvrière était « insuffisante » pour la révolution socialiste. La classe ouvrière a maintes fois entrepris des luttes épiques. Mais ces luttes, sous la direction fautive des organisations staliniennes, sociales-démocrates, centristes, et réformistes, se sont conclues en défaites.
26. Le capitalisme existe aujourd'hui à cause des trahisons de la classe ouvrière par ses propres organisations : les partis politique de masse et les syndicats. « La situation politique mondiale dans son ensemble est principalement caractérisée par la crise historique de la direction du prolétariat. » Ces mots, par lesquels Léon Trotsky a commencé le document fondateur de la Quatrième Internationale, restent suprêmement appropriés comme définition de la réalité politique contemporaine. Aucune organisation de masse au monde aujourd'hui ne se présente comme opposée à l'ordre capitaliste mondial existant, ou encore moins appelle la classe ouvrière à une lutte révolutionnaire. Ceci a créé un environnement surréaliste, où la colère et le mécontentement sont supprimés par de vieilles organisations politiquement sclérosées. Mais comme Trotsky a écrit dans le document fondateur de la Quatrième Internationale, le Programme de transition, « L'orientation des masses est déterminée d'abord pas les conditions objectives du capitalisme décadent et ensuite par la politique déloyale des vieilles organisations ouvrières. De ces deux facteurs, le premier est bien sûr décisif: les lois de l'histoire sont plus fortes que l'appareil bureaucratique. »
La théorie marxiste et la classe ouvrière
27. Les contradictions du système capitaliste pousseront la classe ouvrière vers des luttes qui posent la question de la réorganisation révolutionnaire de la société. Ces luttes auront un caractère explicitement international, surgissant objectivement du niveau avancé de l'intégration mondiale des forces productrices. La grande tâche stratégique de l'époque moderne est donc de forger l'unité politique des travailleurs de tous les pays comme la force révolutionnaire internationale décisive.
28. Le Parti de l’égalité socialiste base son activité sur l’analyse des lois objectives de l'histoire et de la société, particulièrement comme elles se manifestent dans les contradictions du mode capitaliste de production. Enraciné dans le matérialisme philosophique, le marxisme insiste sur la primauté de la matière sur la conscience. « [L]e mouvement de la pensée, a écrit Marx, n'est que la réflexion du mouvement réel, transporté et transposé dans le cerveau de l'homme. » Le matérialisme de Marx est dialectique, dans le sens qu'il considère le monde matériel et les formes de son reflet dans la pensée non pas comme un agrégat d'objets et de concepts fixes et sans différenciation interne, mais comme un complexe de processus, en mouvement et en interaction constants, avec des tendances antagoniques et divergentes.
29. Le PES tente de développer, à l'intérieur des sections avancées de la classe ouvrière, une compréhension scientifique de l'histoire, une connaissance du mode capitaliste de production et des relations sociales qu’il engendre, et une perspective sur la vraie nature de la crise actuelle et ses implications historiques. Le PES lutte pour transformer la potentialité concrète de la révolution sociale créé par le processus historique objectif en un mouvement politique conscient et confiant en soi. Appliquant la méthode de l'analyse matérialiste historique aux évènements mondiaux, le PES anticipe et se prépare pour affronter les conséquences de l'intensification de la crise capitaliste mondiale, expose la logique des évènements, et formule, stratégiquement et tactiquement, la réponse politique appropriée. Le PES insiste que la transformation socialiste et progressiste de la société nécessite une lutte de masse de la classe ouvrière politiquement consciente. Les actions d'individus isolés, ayant recours à la violence, ne peuvent jamais servir de substitut à la lutte collective de la classe ouvrière. Comme le démontre une longue expérience politique, les actes de violence individuelle sont souvent instigués par des provocateurs et font l'affaire de l'Etat.
30. Le PES agit sous toutes conditions selon le principe révolutionnaire socialiste essentiel : dire la vérité à la classe ouvrière. Le programme du parti doit se baser sur une appréciation scientifique et objective de la réalité politique. La forme d'opportunisme la plus insidieuse est celle qui se justifie en prétendant que les travailleurs ne sont pas prêts pour la vérité, que les marxistes doivent se baser sur les niveaux prédominants de conscience de masse (ou plus précisément ce que les opportunistes pensent être cette conscience) comme point de départ, et adapter leur programme aux préjugés et aux confusions qui existent parmi les masses. Cette méthode lâche est l'inverse de la politique révolutionnaire de principe. « Le programme, » déclarait Trotsky en 1938, « doit exprimer les tâches objectives de la classe ouvrière, non pas le retard des travailleurs. Il doit refléter la société telle qu'elle est, non pas le retard de la classe ouvrière. C'est un instrument pour surmonter et vaincre ce retard. C'est pour cela que nous devons exprimer toute l'intensité de la crise sociale de la société capitaliste, y compris en premier lieu les Etats-Unis. » La première responsabilité du parti, continuait Trotsky, est de donner « un aperçu clair et honnête de la situation objective, des tâches historiques qui découlent de la situation objective, que les travailleurs soient ou non préparés aujourd'hui pour cela. La tâche est de développer la mentalité des travailleurs. C'est ce que le programme devrait formuler et présenter aux travailleurs avancés. » Ces mots définissent précisément l'approche adoptée par le PES.
La trahison des syndicats
31. L'aversion des opportunistes à présenter la vérité aux travailleurs est toujours rattachée à leurs efforts de soutenir politiquement et préserver l'autorité politique des vieux syndicats et autres organisations politiques réactionnaires, bureaucratisées, et complètement corporatistes qui maintiennent la subordination de la classe ouvrière au système capitaliste. Le PES, à l'opposé des opportunistes, tente de développer à l'intérieur de la classe ouvrière une compréhension du caractère des vieilles organisations (principalement, aux Etats-Unis, des syndicats) qui prétendent représenter les travailleurs. L'AFL-CIO et son rival factionnel, la coalition « Change to Win, » répondent aux intérêts d'une strate importante de fonctionnaires des classes moyennes qui les contrôlent et qui obtiennent leurs revenus personnels de leur rôle actif et conscient en tant qu'organisateurs de l'exploitation capitaliste de la classe ouvrière. Pendant le dernier quart de siècle, les syndicats ont joué un rôle majeur en brisant les grèves, réduisant les salaires, éliminant des postes et des avantages sociaux, et fermant des usines. Durant ce processus, malgré leurs pertes d'effectifs, les revenus des syndicats et les salaires de leurs fonctionnaires ont continué à croître. Isolés des difficultés que confrontent leurs membres, envers lesquels ils sont indifférents, et protégés par les lois du travail et la cotisation automatique, les syndicats sont liés par des milliers de fils aux corporations et à l'Etat capitaliste, y compris ses agences de renseignement. Le PES appelle à une rébellion contre ces organisations corrompues, qui ne représentent pas la classe ouvrière. Ceci ne veut pas dire que le PES s'abstient de travailler dans de telles organisations, si une telle activité est nécessaire pour contacter et venir en aide aux travailleurs opprimés simultanément par les employeurs et les fonctionnaires syndicaux. Mais le PES base ce travail sur une perspective révolutionnaire, encourageant à chaque point la formation de nouvelles organisations indépendantes, comme des comités d'usine et de lieu de travail, qui représentent vraiment les intérêts des travailleurs ordinaires et sont sujettes à leur contrôle démocratique.
L'unité de classe et la politique identitaire
32. Une autre forme d'opportunisme, qui a joué un rôle particulièrement important dans le déclin de la conscience de classe et pour saper la lutte pour l'unité de la classe ouvrière, est la promotion d'innombrables formes de politique « identitaire » basée sur l'élévation de distinctions nationales, ethniques, raciales, linguistiques, religieuses, et sexuelles au-dessus du critère de la position de classe. L’abandon de la classe pour adopter l'identité s'est fait aux dépens de la compréhension des véritables causes, enracinées dans le système capitaliste, des difficultés que confrontent tous les travailleurs. Au pire, cela a fait la promotion d’une compétition entre différentes « identités » pour l'accès à l'éducation, aux postes, et à d'autres « chances » qui, dans une société socialiste, seraient librement disponibles à tous sans de telles distinctions humiliantes, déshumanisantes, et arbitraires. Les programmes de discrimination positive ont bénéficié, pour la plupart, à une mince couche des classes moyennes. La revendication de l'égalité légale et sociale, qui dominait le mouvement historique pour les droits civiques des masses afro-américaines pendant les années 1950 et 1960, a été étouffée par un revirement de classe de l'axe politique de la lutte, qui s'est déplacée de l'opposition à la pauvreté de masse vers l'obtention de traitements préférentiels et de privilèges pour une petite minorité. Ce revirement, favorisé par le Parti démocrate et ses alliés parmi les chantres petit-bourgeois de la politique identitaire, a eu un impact dévastateur sur les conditions de vie de la vaste masse des travailleurs de groupes minoritaires. Le PES insiste sur l'égalité de tous, et défend sans équivoque leurs droits démocratiques. Toutes formes de discrimination basées sur l'héritage national, ethnique, racial, religieux, ou linguistique, ou le sexe ou l'orientation sexuelle, doivent être abolies. Le PES avance cette composante essentielle de son programme dans le contexte de la lutte pour le socialisme, basée sur l'unification politique de toutes les sections de la classe ouvrière.
Pour les droits des immigrés et des Amérindiens
33. Une condition préalable essentielle de la construction de cette unité est la défense inconditionnelle des droits démocratiques des immigrés qui vivent aux Etats-Unis. Le Parti de l’égalité socialiste milite pour le droit inconditionnel des travailleurs de tous les pays de vivre et de travailler dans le pays de leur choix. Nous insistons sur les pleins droits démocratiques et de citoyenneté pour tous les immigrés, y compris les 12 millions (ou plus) actuellement classifiés comme sans-papiers ou « illégaux ». De plus, le Parti de l’égalité socialiste souligne avec un souci particulier la situation des Amérindiens, dont les conditions de vie déplorables sont l'héritage de la montée sanglante du capitalisme américain à sa position de puissance continentale. Les tentatives de raconter l’histoire de la démocratie américaine qui tentent d'escamoter les profondes conséquences des crimes commis contre les peuples qui habitaient déjà le continent nord-américain sont pétris d'hypocrisie. Les conséquences sociales de ces crimes, soit une pauvreté extrême, une espérance de vie inférieure de 20 ans à la moyenne nationale, une absence de logements adéquats, et le délaissement général des besoins sociaux des réserves et des communautés amérindiennes, se perpétuent à ce jour.
La politique socialiste contre le protectionnisme et le « libre-échange »
34. La position avancée par les chauvinistes nationalistes, invariablement approuvée par les syndicats, que la meilleure réponse aux pertes d'emplois aux Etats-Unis est le protectionnisme, est fausse. D'un point de vue pratique, on ne peut revenir, dans une ère mondialisée, au nationalisme économique. En même temps, l'invocation du « libre-échange » par les publicistes des monopoles transnationales est aussi frauduleuse que leurs autres louanges de la « liberté ». Le PES ne prône ni le protectionnisme ni le « libre-échange », mais lutte pour le contrôle social des forces productives, l'élimination des frontières nationales, et la création d'une économie mondiale planifiée et rationnellement intégrée. Une avancée importante dans cette direction serait l'établissement volontaire d'une Fédération socialiste unie de l'Amérique du Nord, de l'Amérique centrale, et de l'Amérique du Sud.
Le centralisme démocratique
35. La lutte révolutionnaire de la classe ouvrière doit être organisée, et ceci est impossible sans discipline. Mais la discipline requise pour la lutte révolutionnaire ne saurait être imposée bureaucratiquement d'en haut. Elle doit se développer sur les bases d'un accord, décidé librement, sur le programme et les principes. Cette conviction trouve son expression dans la structure organisationnelle du Parti de l’égalité socialiste, qui est basée sur le principe du centralisme démocratique. Dans la formulation de la ligne du parti et des tactiques appropriées, la démocratie la plus totale doit régner au sein du parti. Aucune limitation, à part celles indiquées dans la constitution du parti, ne sont placées sur la discussion interne de la politique et de l'activité du PES. Les dirigeants sont démocratiquement élus par les membres et sont sujets à leur contrôle et à leurs critiques. Ces candidats à des postes dirigeants qui ne peuvent tolérer les critiques devraient considérer la phrase de James P. Cannon, fondateur du mouvement trotskyste aux Etats-Unis: « La vérité n'a jamais fait de mal à personne, si elle est honnête. » Mais si la formulation de la ligne du parti nécessite la discussion la plus large et la critique la plus ouverte et honnête, sa mise en oeuvre requiert la discipline la plus stricte. Les décisions auxquelles le parti sera arrivé démocratiquement engagent tous les membres. Ceux qui s’objectent à cet élément essentiel du centralisme, et qui voient dans une insistance sur la discipline une violation de leurs libertés personnelles, ne sont pas des socialistes révolutionnaires mais des individualistes anarchistes, qui ne comprennent pas les implications et les exigences de la lutte de classe.
La conscience de classe, la culture, et le World Socialist Web Site
36. La lutte pour le socialisme nécessite un développement énorme de l'envergure politique, intellectuelle, et culturelle du mouvement ouvrier, aux Etats-Unis et de par le monde. Contre les praticiens de politique pragmatique et opportuniste, le PES est convaincu que seul un mouvement travaillant au niveau théorique le plus élevé pourra attirer la classe ouvrière à sa bannière, la préparant pour la lutte contre le capitalisme et, par la suite, la construction d'une société socialiste. Tandis que les politiciens bourgeois essaient de traîner la classe ouvrière jusqu'à leur propre niveau intellectuellement dégénéré, le PES lutte pour amener la classe ouvrière à la hauteur de ses tâches historiques. Non seulement la politique, mais la science, l'histoire, la philosophie, la littérature, les films, la musique, les beaux-arts, et tous les aspects de la culture se trouvent dans le domaine de l'éducation socialiste. L'instrument le plus important du PES pour le développement de la conscience socialiste est le World Socialist Web Site [www.wsws.org]. Avec son analyse quotidienne des évènements économiques et politiques à travers le monde, ses exposés des réalités sociales du capitalisme et des luttes ouvrières, ses commentaires sur questions culturelles essentielles, sa discussion de thèmes historiques et philosophiques, et son étude de questions critiques de stratégie, de tactique, et de pratique révolutionnaire, le WSWS joue un rôle décisif pour forger le mouvement marxiste mondial contemporain.
La stratégie révolutionnaire et les revendications de transition
37. Le but stratégique du PES, politiquement solidaire du Comité international de la Quatrième Internationale, est d'éduquer et de préparer la classe ouvrière pour une lutte révolutionnaire contre le capitalisme, l'établissement du pouvoir ouvrier et la création de la société socialiste. Notre but n'est pas la réforme du capitalisme, mais son renversement. Atteindre ce but, cependant, nécessite l'attention la plus soignée et détaillée aux conditions de vie des larges masses ouvrières, et la formulation de revendications qui correspondent à leurs besoins. Le PES reconnaît la nécessité d'établir un lien pratique entre la perspective de la révolution socialiste et les luttes concrètes dans lesquelles la classe ouvrière s'engage. Dans cet effort, le travail du PES est guidé par l'attitude décrite par Léon Trotsky dans le Programme de Transition: « Il faut aider les masses, dans le processus des luttes journalières, à trouver le lien entre les revendications actuelles et le programme socialiste de la révolution. Ce lien devrait incorporer un système de revendications de transition, partant des conditions d'aujourd'hui et de la conscience actuelle de larges couches de la classe ouvrière et se dirigeant inévitablement vers une conclusion finale: la conquête du pouvoir par le prolétariat. »
38. On peut compter, parmi ces revendications, le plein emploi, l'accès sans restriction aux soins médicaux et à l'éducation, des logements convenables, l'annulation des saisies de maisons et des évictions, l'ajustement automatique des salaires à l'inflation, la démocratisation du lieu de travail, l'inspection publique et sans restriction des comptes des corporations et institutions financières, la limitation des salaires patronaux, la réduction des heures de travail sans baisse salariale, l'imposition d'un impôt sur le revenu véritablement progressiste et une restriction importante sur le transfert de richesses personnelles massives par l'héritage, la nationalisation et l'établissement du contrôle ouvrier des grandes corporations essentielles à l'économie nationale et mondiale, le démantèlement de l'armée nationale de métier et son remplacement par des milices populaires contrôlées par la classe ouvrière et dont les officiers seraient élus, et d'autres revendications d'un caractère démocratique et socialement bénéfique.
39. Les revendications de transition joueront un rôle important dans la mobilisation politique de la classe ouvrière s'ils font partie d'une campagne plus large pour développer la conscience socialiste. On ne choisit pas à la carte et arbitrairement des revendications du Programme de transition, sans juger le contexte politique et sans faire référence à des buts politiques plus larges. Si le Programme de transition doit faire le pont entre la classe ouvrière et le socialisme, cette destination ne peut être gardée secrète de la classe ouvrière.
La classe ouvrière et la révolution socialiste
40. Le travail du PES est imprégné d'une confiance constante, basée sur une théorie scientifique avancée et une riche expérience historique, du rôle et de la destinée de la classe ouvrière. Mais la victoire de la révolution socialiste dépend des luttes conscientes de la classe ouvrière. L'émancipation de la classe ouvrière est, en dernière analyse, la tâche de la classe ouvrière elle-même. Comme Engels l'a si bien écrit, « Là où il s'agit d'une transformation complète de l'organisation de la société, il faut que les masses elles-mêmes y coopèrent, qu'elles aient déjà compris elles-mêmes de quoi il s'agit, pour quoi elles interviennent (avec leur corps et avec leur vie) » Ainsi le socialisme ne peut être établi que lorsque les travailleurs eux-mêmes le désirent; et, inversement, quand ils arrivent à cette décision, sous les coups d'un capitalisme en crise, aucune force sur la terre ne pourra empêcher les travailleurs américains de prendre leur place à l'avant-garde de la révolution socialiste mondiale.
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