Macron envoie la police réprimer les grévistes dans les raffineries

Alors que la colère et les grèves montent après l’annonce par la première ministre Elisabeth Borne du recours à l’article 49-3 pour faire passer sans vote à l’Assemblée la réforme des retraite, Macron réquisitionne les travailleurs des raffineries et les réprime pour tenter de briser leur grève.

Il est nécessaire avant tout de mobiliser et d’organiser les travailleurs, indépendamment des appareils syndicaux, pour défendre les travailleurs menacés par Macron. Une confrontation aux implications révolutionnaires émerge entre la classe ouvrière et l’État capitaliste. Déjà une vague de grèves contre l’austérité et l’inflation par des millions de travailleurs explose à travers l’Europe, en l’Allemagne, la Grande-Bretagne, le Portugal, la Grèce, la Belgique, les Pays-Bas et au-delà.

Des grèves massives ont lieu dans des secteurs stratégique de l’économie française comme dans les raffineries et les dépôts pétroliers, qui à présent provoquent d’importantes pénuries de carburant. Les étudiants ont bloqué des universités dans des villes à travers la France et ont envoyé des délégations défiler aux côtés des grévistes.

Au-delà des millions de personnes qui ont défilé, les trois-quarts des Français s'opposent à la réforme, qui détournerait des dizaines de milliards d'euros des retraites pour faire des cadeaux fiscaux aux riches et augmenter le budget militaire à 413 milliards d'euros. Pour l’impérialisme français ceci sert à préparer une intensification de la guerre menée par l’OTAN contre la Russie en Ukraine. Par contre, six Français sur dix souhaitent que les grévistes bloquent l'économie pour vaincre Macron.

Depuis le 7 mars, les travailleurs des raffineries bloquent certaines raffineries à l’appel de la CGT-Chimie. Six raffineries sur les huit que compte la France sont en grève. En Seine-Maritime, celle de Gonfreville-l'Orcher, la plus grosse de TotalEenergies, a été mise en arrêt à froid ce mardi. Seule une production liée à la mise en sécurité des installations perdure.

Dans la région lyonnaise, la raffinerie TotalEnergies à Feyzin (Rhône) a cessé depuis ce lundi les expéditions. En Loire-Atlantique, la raffinerie de Donges est à l'arrêt depuis plusieurs semaines pour des raisons techniques.

Depuis lundi, les travailleurs ont mis à l'arrêt les installations du site Petroineos à Lavera à Martigues. Les élus du personnel ont fait le tour ce week-end des 5 équipes travaillant en alternance à la production. « On est entre 80 et 90% de grévistes sur ces équipes opérationnelles », a annoncé le délégué CGT du site Sébastien Varagol.

Des pénuries de carburants commencent à présent à se faire sentir partout en France. 10 pour cent des stations-service ne disposent pas soit de diesel soit d’essence. En tout, ce sont 23 départements qui comptent au moins 10 pour cent de stations-service « en difficulté ».

Dans les Bouches-du-Rhône, département le plus touché, une station-service sur deux souffrait d’une pénurie de carburant lundi après-midi. Les automobilistes doivent souvent attendre des heures pour faire le plein. Le mouvement reste toutefois soutenu par les automobilistes qui encouragent les grévistes à la poursuivre. Dans le département du Vaucluse, les stations-service limitent la quantité de carburant par automobiliste.

Face à la crise que provoque cette pénurie de carburants, le gouvernement envoie les CRS attaquer les piquets de grève et réquisitionne les travailleurs afin de briser leur lutte.

Des incidents ont éclaté mardi 21 mars en fin de matinée devant le dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, près de Marseille, où les autorités ont procédé aux premières réquisitions de personnels en grève contre la réforme des retraites.

Plusieurs centaines de syndicalistes, principalement de la CGT, s’étaient rassemblés devant le dépôt « en soutien» aux grévistes réquisitionnés, bloquant un des accès du site. Lorsque les manifestants ont voulu se diriger vers un autre accès, par lequel des camions-citernes étaient en train de pénétrer dans le dépôt qui était protégé par des CRS, un face-à-face tendu s’en est suivi. Des échanges de jets de projectiles et tirs de grenades lacrymogènes ont fait reculer les manifestants. Trois CRS auraient été sérieusement blessés.

Par son assaut policier visant les raffineries, Macron lance un signal qu’il compte réprimer violemment toute opposition ouvrière à sa politique. De violents affrontements entre des policiers lourdement armés et des milliers de jeunes et de travailleurs continuent régulièrement dans toutes les grandes villes de France. Le gouvernement Macron n’a pas l’intention de faire quelque concession que ce soit et évolue ouvertement en tant que régime autoritaire.

En réalité ceci n’est pas une démonstration de force, mais un aveu de faiblesse. Le mouvement de la classe ouvrière monte en intensité et prend des formes de plus en plus explosives, semant la peur dans les milieux dirigeants. Un commandant de CRS a confié à Médiapart : «On est à la veille d’une insurrection. J’ai peur qu’un de mes gars tue un manifestant […] Le Président s’amuse à un jeu très dangereux ».

Face à la répression policière, les travailleurs ne peuvent pas compter sur la bureaucratie syndicale. Alors que les travailleurs se font gazer et matraquer, le secrétaire de la CGT, Philippe Martinez se plaint mais ne lance aucun appel à mobiliser les travailleurs pour défendre leurs frères et sœurs de classe.

Martinez a déclaré : «Ce sont des rassemblements organisés, il y a des familles qui viennent protester, et je trouve d'ailleurs … qu'il y a une forte répression policière. Sûrement qu'il y a eu des ordres de la part du ministère de l’Intérieur, parce que face à ces rassemblements (...) il y a une répression forte vis-à-vis de manifestants qui sont là de façon tout à fait pacifique, avec leurs enfants etc., c'est grave ».

La bureaucratie syndicale n’affiche qu’une opposition de surface à Macron et à cette réforme qu’ils ont négociée avec le gouvernement. Face à la colère sociale, les appareils syndicaux organisent des grèves non pas pour renverser Macron, pour éviter d’être déborder par le mouvement explosif des travailleurs. Mais, eux aussi ébranlés par la colère ouvrière, les appareils syndicaux laissent la répression policière tenter de briser les grèves pour démoraliser les travailleurs.

Contre ces obstacles, le mouvement ne trouvera pas d’autre issue que de construire ses propres organisations de lutte, des comités de la base indépendantes des bureaucraties syndicales.

Seules de telles organisations seront à même de lutter de manière conséquente contre le gouvernement Macron et la répression. Pour les travailleurs, la perspective est de transférer le pouvoir de la machine réactionnaire de l’État policier capitaliste à ses organisations de lutte, dans une révolution socialiste. Il faut bâtir l'Alliance internationale ouvrière des comités de base (IWA-RFC) et les sections du CIQI en tant qu'avant-garde révolutionnaire de la classe ouvrière, luttant pour le socialisme et les États-Unis socialistes d'Europe.

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