Les démocrates exigent la répression policière au campement pro-Gaza de l’université Columbia

Le 29 avril au matin, 21 législateurs démocrates ont adressé une lettre publique de menace au conseil d'administration de l'université Columbia, exigeant qu'il «agisse ... maintenant» pour démanteler le campement anti-guerre sur le campus, qui, selon eux, aurait été construit par des «activistes anti-juifs».

Des étudiants manifestent autour de leur campement sur le campus de l'université Columbia, lundi 29 avril 2024, à New York. [AP Photo/Stefan Jeremiah]

Si les administrateurs ne voulaient pas, ou ne pouvaient pas, faire appel à la police anti-émeute, ou peut-être à la Garde nationale, pour régler violemment le cas des étudiants et de leurs professeurs qui protestaient pacifiquement contre la complicité de l'université et du gouvernement américain dans le génocide à Gaza, les représentants exigeaient la démission des administrateurs.

Cette lettre autoritaire a été signée par plusieurs démocrates de premier plan, dont Steny Hoyer, représentant du Maryland et membre le plus ancien de la Chambre démocrate, puisqu'il siège au Congrès depuis mai 1981. Jusqu'en janvier 2023, Hoyer a occupé le poste de chef de la majorité à la Chambre des représentants pendant plus de deux décennies, secondé par la présidente de l'époque, Nancy Pelosi.

Parmi les autres démocrates de premier plan qui ont signé la lettre figurent Adam Schiff, candidat au Sénat et actuel représentant de la Californie, Debbie Wasserman Schultz (Floride), Josh Gottheimer (New Jersey), Dan Goldman (New York), Henry Cuellar (Texas), ainsi que Haley Stevens (Michigan).

Dans cette lettre, les démocrates se disent «déçus que, malgré ses promesses, l'université Columbia n'ait pas encore démantelé le campement non autorisé et inadmissible». Faisant écho au président fasciste de la Chambre des représentants, Mike Johnson, les démocrates ont répété le «gros mensonge» selon lequel protester contre le massacre de plus de 40.000 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d'enfants, était «antisémite».

Les démocrates ont écrit que le campement «a été le terreau d'attaques antisémites contre des étudiants juifs». Pour étayer leurs fausses allégations d'«antisémitisme», les auteurs de la lettre ont cité la déclaration du président Joe Biden du 21 avril, qui reprenait également ces calomnies.

Au moment où la lettre des démocrates a été publiée, la présidente de Columbia, Minouche Shafik, a également publié une déclaration affirmant que le campement avait créé un «environnement peu accueillant pour beaucoup de nos étudiants et professeurs juifs». Elle a demandé aux étudiants de «se disperser volontairement». La déclaration de Shafik était accompagnée d'un dossier distribué aux étudiants protestataires du campement, les avertissant de se disperser et de quitter les lieux avant 14 h, sous peine de suspension ou d'expulsion.

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Nullement intimidés par les menaces des démocrates ou des représentants de l'administration, il semble qu'aucun des étudiants n'ait accepté leur offre de quitter les lieux volontairement. Au contraire, avant l'heure limite de 14 h, des dizaines d'enseignants de Columbia ont rejoint le campement et formé une chaîne humaine.

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Les professeurs ont été rejoints par un millier d'autres étudiants. À l'heure où nous écrivons ces lignes, le campement est toujours là, mais il semble que l'université ait commencé à suspendre des étudiants. Dans une déclaration au New York Times, Ben Chang, porte-parole de l'université, a déclaré : «Nous avons commencé à suspendre des étudiants dans le cadre de la prochaine phase de nos efforts visant à assurer la sécurité de notre campus».

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Depuis le 17 avril, des étudiants de l'université Columbia, allant de quelques dizaines à plusieurs centaines, occupent une partie de la pelouse. Malgré le caractère pacifique des manifestations, l'université a fait appel à la police anti-émeute le lendemain, ce qui a conduit à l'arrestation de 108 personnes.

La répression policière massive n'a pas empêché le campement de se reconstituer sur le site de Columbia et de s'étendre à d'autres universités américaines et internationales, notamment en France, en Allemagne, en Espagne, en Angleterre et en Australie. Outre les campements d'étudiants, les manifestations contre le génocide en cours à Gaza se sont poursuivies dans le monde entier, notamment à Tokyo, où des étudiants portant des casques de chantier ont résisté à la police anti-émeute en scandant «Plus jamais ça !», «Libérez la Palestine» et «Travailleurs, unissez-vous !»

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Aux États-Unis, malgré la répression policière, plusieurs nouveaux campements et manifestations de solidarité avec Gaza ont vu le jour sur les principaux campus. En réponse, plusieurs universités ont fait appel à la police pour les disperser violemment.

À l'université du Texas à Austin, qui a été le théâtre de manifestations et d'arrestations massives la semaine dernière, l'administration a fait appel à des centaines de policiers anti-émeute pour disperser un campement de solidarité avec Gaza qui s'était reconstitué sur la pelouse sud du campus. Une vidéo montre des policiers anti-émeute en train d'agresser des étudiants assis sur l'herbe avant de les menotter et de les arrêter. Les journalistes locaux estiment que des «dizaines» de personnes ont déjà été arrêtées.

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Pour justifier l'arrestation massive de manifestants pacifiques contre la guerre, UT-Austin a publié une déclaration avant le début des arrestations, affirmant qu'ils avaient trouvé «des pierres [...] placées stratégiquement dans le campement» et que l'école avait reçu «de nombreuses menaces en ligne de la part d'un groupe organisant la manifestation d'aujourd'hui». L'université n'a pas révélé la nature de ces prétendues «menaces».

Une vidéo d'Austin diffusée plus tard dans l'après-midi montrait des étudiants faisant reculer la police hors du campus.

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À l'université de Géorgie, à Athens, plusieurs étudiants, dont beaucoup font partie de Students for Justice in Palestine (SJP), ont été arrêtés moins de deux heures après avoir établi un campement. L'Atlanta Community Press Collective (ACPC) a rapporté que 16 personnes ont été arrêtées et accusées d'intrusion criminelle.

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Après avoir été arrêtés dans la matinée, de nombreux manifestants anti-génocide sont revenus sur le campus dans l'après-midi pour participer à une manifestation pro-palestinienne.

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Selon l'ACPC, les manifestants ont exigé que l'université se désengage des entreprises impliquées dans le génocide à Gaza et qu'elle se désengage des entreprises qui soutiennent la construction de «Cop City» à Atlanta.

À Cleveland, dans l'Ohio, à l'université Case Western, la police a été rapidement appelée pour démanteler un campement établi par des étudiants devant la bibliothèque lundi matin. Selon les informations locales, une cinquantaine de personnes ont érigé le campement, qui a été rapidement encerclé par la police qui a enlevé toutes les tentes. Une vingtaine de personnes ont été brièvement détenues par la police pendant que le campement était démantelé.

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D'importantes manifestations et débrayages ont eu lieu sur plusieurs autres campus. À l'UCLA, en Californie, des centaines d'étudiants et de professeurs ont quitté les cours lundi en soutien à Gaza. Après un bref rassemblement, les étudiants et les enseignants ont marché sur le campus en scandant «Nous ne nous arrêterons pas, nous ne nous reposerons pas, avouez, désinvestissez».

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Des centaines d'étudiants du Whitman College, une école d'arts libéraux située à Walla Walla, dans l'État de Washington, ont débrayé en signe de solidarité avec Gaza et d'autres étudiants.

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À l'université de Chicago, les étudiants ont établi un campement sur le campus. À quelques heures de là, à Madison, dans le Wisconsin, des centaines d'étudiants manifestent depuis plusieurs heures et des tentes ont été installées.

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À l'université de l'Indiana-Bloomington, des centaines d'étudiants et de nombreux professeurs ont organisé un rassemblement pour demander la démission immédiate de la présidente de l'université, Pamela Whitten, après qu'elle a ordonné à la police nationale et locale de démanteler un campement pacifique jeudi dernier.

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(Article paru en anglais le 30 avril 2024)

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