Blinken donne l’approbation des États-Unis à la guerre d'extermination menée par Netanyahou à Gaza

En juin 1941, l'Allemagne nazie lançait l'opération Barbarossa, l'invasion de l'Union soviétique. Cela devait être une «guerre d'anéantissement», un Vernichtungskrieg, impliquant non seulement la destruction de villes et d'infrastructures économiques, mais aussi l'extermination de la population en vue de la colonisation du pays par des citoyens allemands. L'invasion nazie a entraîné la mort de 27 millions de personnes en Union soviétique et fut accompagnée de l'Holocauste, l'extermination de plus de 6 millions de Juifs en Europe.

Les destructions causées par l'offensive aérienne et terrestre israélienne sont visibles à Khan Younis, dans la bande de Gaza, le 13 septembre 2024. [AP Photo/Abdel Kareem Hana]

Les zones peuplées de l'Union soviétique sous contrôle nazi ont été soumises au «Plan de la faim» conçu par le chef de groupe SS Herbert Backe. Les responsables nazis avaient conclu que «des millions de personnes mourraient de faim» en conséquence. Le ministre de l'Agriculture du Troisième Reich déclara que «plusieurs dizaines de millions de personnes dans ce pays deviendront superflues et mourront ou devront émigrer en Sibérie». Ce plan a conduit à la famine délibérée pour 3,3 millions de personnes en Union soviétique.

Ce mois-ci, l'État d'Israël a adopté une version 21e siècle du «Plan de la faim» de l'Allemagne nazie. Le rôle qu'occupait Herbert Backe est aujourd'hui joué par Giora Eiland, général de division à la retraite de l’armée israélienne et ancien chef du Conseil national de sécurité israélien.

Depuis plus d'un an, Eiland préconise de priver délibérément la population de Gaza de nourriture afin de l'exterminer et de la forcer à quitter le territoire. Ces derniers mois, Eiland a renforcé son plan et a proposé de bloquer l'entrée de toutes les denrées alimentaires dans le nord de la bande de Gaza, déclarant, textuellement, que «les gens ne pourront plus y vivre. L'eau s'asséchera».

Israël transformerait alors toute la zone en une zone de tir à volonté, où des escadrons d'extermination – une version moderne des ‘‘Einsatzgruppen’’, les unités d'extermination de masse de l'Allemagne nazie – élimineraient tous ceux qui résisteraient au déplacement forcé.

Le 12 octobre, CNN a rapporté :

Un ancien haut responsable militaire, informé des réflexions du gouvernement israélien et des dirigeants de la sécurité, sans être directement impliqué dans la prise de décision, a déclaré à CNN que le cabinet avait adopté «une version» de la proposition d'Eiland, connue sous le nom de «Plan du général». Eiland a confirmé à CNN que cette affirmation était «tout à fait vraie».

Conformément à ce plan, Israël stoppe l'entrée de toute nourriture dans le nord de Gaza et laisse moins de nourriture entrer dans l’enclave qu'à n'importe quel moment depuis le début de son offensive militaire en octobre 2023. Des unités de l'armée israélienne encerclent les hôpitaux, mène des frappes aériennes aveugles et assiège les camps de réfugiés, forçant leurs habitants à se déplacer vers le sud sous la menace des armes. Au cours de l'opération, plus de 700 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes et un nombre incalculable d'autres sont morts de faim ou de maladies évitables.

C'est dans ce contexte que le secrétaire d'État américain Antony Blinken a effectué son onzième voyage en Israël depuis le début de la guerre. Mardi, il a rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour une discussion, que le cabinet de ce dernier a qualifié d’«amicale et productive», sur la guerre menée par Israël contre le peuple palestinien.

Des articles des médias sur cette rencontre montrent clairement que la discussion portait sur le plan d'extermination de masse. Selon le Washington Post:

Des responsables américains ont dit à Netanyahou qu'il y avait la «perception» qu'Israël poursuivait une stratégie consistant à «isoler le nord, à dire aux gens que s'ils ne partent pas, ils deviendront effectivement des cibles, et à refuser l'entrée de nourriture», a déclaré le responsable.

Lorsque la délégation américaine avait demandé si le gouvernement Netanyahou désavouerait, à des fins de relations publiques, le plan d'extermination de masse, «les Israéliens ont refusé de prendre un tel engagement», écrit ce même journal.

Réagissant à cette déclaration brutale, Blinken a publié un communiqué affirmant le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël: «Le secrétaire a réaffirmé l'engagement sans faille des États-Unis en faveur de la sécurité d'Israël » et s'est engagé à poursuivre « les efforts continus des États-Unis et de leurs partenaires » pour soutenir Israël.

La visite de Blinken revêt une immense importance politique, juridique et historique. Un haut représentant du gouvernement américain a été informé du plan d'extermination de masse et a accordé ce qui équivaut à une approbation inconditionnelle et générale de la politique israélienne.

Ce qui signifie que le «Plan de la Faim» israélien est la politique non seulement du gouvernement Netanyahou mais aussi du gouvernement Biden, qui finance, arme et soutient politiquement le génocide.

Mais dès que Blinken est sorti de sa réunion, il a commencé à mentir sur le contenu de la discussion. «J'ai entendu le Premier ministre, qui fait autorité sur ces questions», a déclaré Blinken, affirmant que le gouvernement israélien rejetait une «réoccupation de Gaza par Israël».

Personne n'a jugé bon de faire remarquer à Blinken qu'Israël occupe ou contrôle illégalement et de manière permanente la bande de Gaza depuis 1967, soit depuis plus de 57 ans, et qu'il a démoli la majorité des bâtiments de la région tout en déplaçant 95 pour cent de ses habitants durant l'année écoulée. Mais non, insista Blinken, Israël n'avait aucun intérêt à «réoccuper» Gaza, et les États-Unis ne soutiendraient jamais une telle politique.

De telles déclarations constituent une forme de désinformation de temps de guerre, visant à créer un écran de fumée pour la véritable politique du gouvernement américain. Mais, contrairement à la désinformation traditionnelle en situation de guerre, dont l'objectif est de tromper une armée ennemie sur les plans et les déploiements de troupes, la cible de cette tromperie est la population américaine, à qui le gouvernement Biden tente de dissimuler sa complicité dans le génocide.

Soyons francs. Blinken est venu en Israël pour approuver la famine délibérée infligée à Gaza, le nettoyage ethnique du nord de l’enclave et l'extermination systématique de tous ceux qui restent. Tous les crimes dont Robert Jackson, le principal procureur du tribunal de Nuremberg, a accusé les dirigeants de l'Allemagne nazie sont commis, à une échelle légèrement moindre, par le gouvernement Biden. Jackson avait déclaré qu'en condamnant les dirigeants de l'Allemagne nazie, le gouvernement américain plaçait un «calice empoisonné... sur nos lèvres également» s'il devait un jour commettre des crimes similaires. Blinken a bu ce calice jusqu'à la lie.

Blinken, Biden et Harris sont des criminels de guerre. Ils ne parlent pas seulement au nom de l'impérialisme américain, mais de toutes les puissances impérialistes, qui adoptent ouvertement toutes les formes de la barbarie sociale. Dans des remarques prononcées ce mois-ci, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, membre dirigeant du Parti vert, a ouvertement défendu les attaques contre les civils. Elle a déclaré:

Lorsque les terroristes du Hamas se cachent derrière les gens, derrière les écoles, nous nous retrouvons dans des eaux très difficiles. Mais nous n'hésitons pas à agir. C'est pourquoi j'ai clairement indiqué aux Nations unies que les sites civils pourraient perdre leur statut protégé si les terroristes abusent de ce statut. C'est ce que l'Allemagne défend et c'est ce que nous voulons dire lorsque nous parlons de la sécurité d'Israël.

Cette déclaration est, à sa manière, une réaffirmation de ce qu'Eiland dit depuis plus d'un an, à savoir que «les 'pauvres' femmes de Gaza ... sont toutes les mères, les sœurs ou les épouses des meurtriers du Hamas» et doivent être tuées avec ceux qui s'engagent dans la résistance armée. Les puissances impérialistes déclarent que les civils peuvent être légitimement exterminés.

Partout dans le monde, les puissances impérialistes affirment qu'une nouvelle guerre mondiale a commencé. L'article principal de l'édition de ce mois-ci de Foreign Affairs déclare:

Une ère de guerre limitée est terminée; une ère de conflits globaux a commencé. En effet, ce à quoi le monde assiste aujourd'hui s'apparente à ce que les théoriciens du passé ont appelé la «guerre totale», dans laquelle les belligérants puisent dans de vastes ressources, mobilisent leurs sociétés, donnent la priorité à la guerre sur toutes les autres activités de l'État, attaquent une grande variété de cibles et remodèlent leurs économies et celles d'autres pays.

Déclarer que cette nouvelle ère de guerre mondiale permet aux pays d'«attaquer une grande variété de cibles» est une façon familière d'indiquer que le droit international est suspendu et que les civils, les hôpitaux et les organisations humanitaires sont tous des cibles légitimes. Le «modèle israélien» doit devenir la norme pour mener la guerre à l'avenir.

Samedi, le président du comité de rédaction du World Socialist Web Site, David North, a donné une conférence à Francfort, en Allemagne, intitulée «Retour vers le futur: génocide, guerre et fascisme». North y explique : «lorsque nous disons “retour vers le futur”, les phénomènes de guerre, de génocide et de fascisme réapparaissent». Il poursuit ainsi :

Toutes les horreurs que nous observons aujourd'hui, les horreurs du génocide, la résurgence du fascisme, le danger de la guerre ressemblent aux réalités du 20e siècle, en particulier de la première moitié du 20e siècle.

Il conclut:

Et donc, quand nous disons «retour vers le futur», pour qu'il y ait un avenir, la classe ouvrière et les couches avancées de la jeunesse doivent retrouver une compréhension de l'analyse marxiste des lois du capitalisme

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Le génocide de Gaza a déclenché des manifestations de masse de millions de personnes dans le monde entier. Mais ce qui a manqué jusqu'à présent, c'est une perspective visant à mettre fin à la cause fondamentale du génocide et de toutes les formes de barbarie impérialiste: le capitalisme. La lutte contre le génocide de Gaza doit se poursuivre comme lutte de la classe ouvrière contre le système capitaliste et pour son remplacement par le socialisme.

(Article paru en anglais le 24 octobre 2024)

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